[#FDA18 | INSTAGRAM – UNE JOURNÉE – UN ARTISTE] Mercredi 27 juin, suivez #annececilevandalem Das Fräulein Kompanie https://www.instagram.com/festivaldavignon/ #arctique est un polar d’anticipation sur fond de guerre climatique dans lequel sept personnages vont être pris au piège d’une manœuvre destinée à les faire disparaître. 18-24 JUIL #lafabrica #theatre #FDA18 Festival d’Avignon #guerreclimatique #rechauffementclimatique #groenland #expedition #thriller #arctique
22.02.2018 | IOGAZETTE | Christophe Brianchon
Errance du temps
C’était au mois de janvier, il y a deux ans. Anne-Cécile Vandalem créait « Tristesses », nous laissant alors la découvrir, elle et le destin de son œuvre, aujourd’hui entourée d’un succès dont on craignait qu’il ne l’assomme. C’était bien mal la connaître.
« Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », elle est revenue, celle que le petit monde du théâtre européen attendait tant, avec pour point de départ, toujours, cette ville de Bruxelles, de laquelle la pièce s’en est allée déjà pour une tournée qui s’annonce une fois encore inhumaine. Mais alors, que reste-t-il de cette si belle tristesse, qui était celle de ceux qui restent quand plus rien ne subsiste ? L’enfer des larmes, toujours, mais bien plus encore. De l’Arctic Serenity, ce bateau errant dans les eaux du pôle Nord, naufragé par deux fois et symbole de l’incapacité des hommes à apprendre de leurs erreurs, le spectateur voit bien plus ici que la tristesse de ceux qui l’habitent. De l’Homme, définitivement déclaré incapable, l’auteure et metteuse en scène s’extrait pour nous laisser assister à un spectacle bien plus ambitieux encore : celui de la désertification du monde, que plus rien d’autre n’habitera que les erreurs du temps passé.
De l’Homme au Monde, comme un double processus de rejet de l’autre et de croyance en une seule chose : le Théâtre. Car c’est peu dire qu’il en faut, de l’ambition et de la foi pour penser que sur les planches d’un plateau peut se refléter la destinée d’un monde entier. Il en faut, et ce d’autant qu’Anne-Cécile Vandalem fait le choix de n’en rien montrer sur la scène, et de faire se dérouler la totalité de la pièce en un huis clos dont on ne pourra s’extraire que par un procédé scénographique déjà utilisé chez Ivo van Hove dans « Kings of War », mais dont l’utilisation se révèle ici peut-être plus belle encore, quand le hors-champ de la scène, filmé en direct et projeté, explique aux spectateurs le fruit du comportement des hommes et les raisons de leur fuite. De ce hors-champ s’échappe alors une certitude : cette arche de Noé des temps modernes dérive sur les eaux du royaume de ce qui n’est plus et ne sera plus jamais.
À l’image des neiges éternelles de l’Arctique, plus rien ne subsiste ici que cette boue devenue la matière même de nos larmes, qui colle aux pieds pour mieux nous rappeler à chaque pas que l’idée même du futur est en train de fondre sous nos yeux. Une idée à laquelle viennent se confronter à plusieurs reprises les élans de croyance en un possible des personnages de ce drame, et en particulier du groupe de musiciens, qui occupent le fond du plateau comme pour nous interpeller alors qu’ils posent cette question simple : « Anyone ? » Parce que oui, y a-t-il quelqu’un, tout de même, pour essayer une dernière fois ? Pour essayer de nous faire pardonner cette faute originelle que l’on traîne depuis tant de siècles, qui nous amène aujourd’hui à reproduire les comportements de cette gourmandise égoïste qui déjà en son temps faisait disparaître l’Éden et mourir Caïn ? C’est donc bien que, malgré le désert qu’elle nous montre, Anne-Cécile croit certainement encore un petit peu, allez savoir… Reste qu’au terme de ce voyage d’une élégance scénographique et dramaturgique rare ne subsistera que ce bateau de malheur qui, tel le passé qui n’est plus, ne cessera de
31.01.2018 | rtbf | Dominique Mussche
“Arctique”, thriller politique sur fond de guerre climatique
Arctique : Une fable d’anticipation sur fond de guerre climatique
La perspective d’une nouvelle création d’Anne-Cécile Vandalem suscite toujours une curiosité passionnée. Auteure, metteuse en scène, un peu scénographe et souvent actrice dans ses propres pièces, la directrice de la compagnie Das Fraülein nous a rarement déçus. Depuis Zaï Zaï Zaï en 2003, elle a construit au fil des années un univers singulier qui mêle théâtre et cinéma, et où la scénographie, loin d’être un simple décor, joue un rôle essentiel dans la dramaturgie. Tristesses, son dernier spectacle, a conquis un large public bien au-delà de nos frontières et continue à tourner.
“Depuis toute petite, je suis attirée par le Grand Nord”, nous dit Anne-Cécile Vandalem, et “une image n’a eu de cesse de me hanter : celle de ma propre mort sur la banquise”.Ce Grand Nord, elle l’avait déjà en partie exploré dans Tristesses, sombre chronique d’un village danois sur fond de polar politique. Cette fois, elle met le cap plus loin encore, au Groenland, et élargit la dimension politique.
Sous nos yeux se déploie le fastueux salon de l’Arctic Serenity, un ancien bateau de croisière de luxe qui a heurté une plateforme pétrolière dès son inauguration en 2017. Nous sommes à présent en décembre 2025 ; après des années en cale sèche, il sera tracté jusqu’au Groenland pour être transformé en hôtel cinq étoiles. Nous y verrons embarquer six passagers clandestins, invités à participer à la traversée : il y a notamment le passeur et sa complice (Guy Dermul et Epona Guillaume), une veuve portant les cendres de son mari (Mélanie Zucconi), une ministre incognito (Véronique Dumont) et un prétendu acteur en repérage (Jean-Benoît Ugeux). Frédéric Dailly, Eric Drabs, Philippe Grand’Henry, Zoé Kovacs et Gianni Manente apparaîtront plus tard. Mais qui les a convoqués, et dans quel but ? Qui sont-ils vraiment et quelles sont leurs intentions en montant à bord ? Peu à peu seront dévoilés le dessous des cartes et les enjeux politiques de cette fable d’anticipation : d’ici quelques années, imagine la metteuse en scène, du fait du réchauffement climatique le Groenland sera redevenu le pays qu’il était avant l’ère glaciaire, et donc une terre à cultiver, un sous-sol à exploiter et des paysages pour attirer les touristes. Mais comment empêcher la mainmise des grandes puissances sur ces richesses ? Et comment préserver le pays d’une surexploitation ?
Sur base de ces passionnantes questions d’écologie, Vandalem tisse un thriller complexe dont tous les personnages s’avèrent liés d’une manière ou d’une autre au nœud du problème et au passé tragique de l’Arctic Serenity. Non moins complexe, l’esthétique mise en œuvre par cette passionnée de scénographie, et déjà testée dans Tristesses. Le salon du navire n’est que la partie visible du décor; dès qu’ils en franchissent les portes, les acteurs sont filmés par des caméras dans les couloirs, les cabines ou sur le pont du paquebot. Ces images, projetées sur un écran du salon, nous dévoilent non seulement la face cachée des passagers, mais aussi, sous forme de flash-backs, les alliances, les trahisons et les conflits anciens qui ont motivé leur présence sur ce bateau en 2025. Une prouesse technique inouïe, véritable moteur de l’intrigue, qui, en juxtaposant le dehors et le dedans, mêle aussi les temporalités.
Clin d’œil au Titanic, un trio de musiciens participe à la reconstitution fantasmatique du luxueux vaisseau jadis accidenté. Malgré le sérieux du propos, Vandalem cultive en effet le second degré et ne se prive pas de nous faire sourire en accentuant les travers de ses personnages ou le comique de certaines situations, comme cette multiplication des révolvers passant d’une main à l’autre sans qu’on sache toujours pourquoi, qui donne parfois à cette folle aventure un côté “Tintin au Groenland”.
Au final, on n’est que partiellement convaincus par ce nouveau thriller politique : si Vandalem parvient à créer une atmosphère, si le sujet abordé est rigoureusement documenté et si le système de caméra hors-champ parfaitement maîtrisé ouvre des perspectives intéressantes, la complexité du propos et des moyens utilisés crée parfois des longueurs et des confusions.
26.01.2018 | demandezleprogramme | Catherine Sokolowski
Le Groenland, dernier Eldorado
Après l’immense succès de « Tristesses » qui se déroulait au Danemark, « Arctique », la nouvelle création d’Anne-Cécile Vandalem, explore les territoires du Groenland, l’auteure ayant toujours été attirée par le Grand Nord. Nous sommes en 2025 et, à bord du paquebot Arctic Serenity pour son dernier voyage, ce n’est pas « La croisière s’amuse » ! Rapidement largué par son remorqueur, le bateau dérive sur la mer glacée. A bord, quelques passagers clandestins fuyant une Europe en guerre. Dense et complexe, ce thriller politique interpelle dans un décor digne des meilleurs réalisateurs cinématographiques, Anne-Cécile et sa compagnie « Das Fräulein » n’hésitant pas à se singulariser par quelques longueurs assumées.
Le Groenland est une ancienne colonie danoise qui a repris certaines compétences tout en restant un pays constitutif du Danemark. Nous sommes en 2025 et le Groenland, riche de ses réserves minières et pétrolières, rêve d’indépendance. Suite au réchauffement climatique, cette île offre de nouvelles opportunités et les mers qui l’entourent deviennent plus praticables, notamment par l’ouverture du passage Nord-Ouest. Du point de vue écologique, l’utilisation de ces richesses ne peut qu’accélérer le processus d’altération du pays, ce qui explique l’activisme écologique très présent.
Dans un contexte de guerre généralisée en Europe, le Groenland apparaît donc comme une terre d’accueil. Quatre passagers montent clandestinement à bord de l’Arctic Serenity, remorqué pour une ultime traversée avant d’être transformé en hôtel de luxe. L’ex-première ministre du Groenland, un journaliste, une ancienne activiste cataplectique et une veuve transportant les cendres de son mari sont accueillis par un passeur et une mystérieuse jeune fille. Obligés de voyager ensemble, ces personnages qui ont tous un lien avec l’avenir du Groenland, apprennent à se connaître.
Les décors sont fabuleux, l’atmosphère d’un paquebot est parfaitement recréée et agrémentée d’une touche insolite comme la présence d’un orchestre live surmonté d’une banderole « We love global warming ». A l’instar de « Tristesses », les scènes qui se déroulent dans d’autres parties du bateau sont filmées, donnant une profondeur supplémentaire au spectacle. Alors que dans « Tristesses », le spectateur assistait simultanément au tournage et à la projection, ici, il ne bénéficie que de la projection, les images étant filmées à l’arrière des décors, dans une scénographie reproduisant les autres endroits du bateau.
Dans cette ambiance de terrorisme et de convoitise se déroule une autre histoire, celle qui entoure la mort de Mariane Thuring, activiste décédée quelques années plus tôt, lors du précédent voyage de ce bateau. Le paquebot avait alors heurté une plateforme pétrolière provoquant une énorme catastrophe écologique. Depuis, on raconte qu’un fantôme erre sur le bateau.
Après « Tristesses », « Arctique » est le second volet d’une trilogie qui explore les côtés sombres de l’humanité. Alors que le réchauffement climatique donne de l’espoir au Groenland, il pourrait accélérer sa chute. A n’en pas douter, un certain pessimisme réaliste entoure les œuvres d’Anne-Cécile Vandalem, qui semble vouloir alerter. Dans cette dernière création, on retiendra les décors, l’ambiance, les touches d’humour, une certaine extravagance (un ours affamé !), la maîtrise technologique et cette militance intrinsèque. Certains pourraient trouver le spectacle trop long ou trop complexe. Chacun jugera ce choix délibéré de l’auteure. Mais dans tous les cas, il s’agit d’une œuvre à voir et à apprécier, n’est pas Anne-Cécile Vandalem qui veut !
> demandezleprogramme.be
25.01.2018 | Le Vif | Estelle Spoto
Anne-Cécile Vandalem toujours plus au Nord
Avec Arctique, Anne-Cécile Vandalem orchestre un thriller polaire en huis clos sur un bateau. L’isolement et le froid poussent une poignée de voyageurs clandestins de demain dans leurs derniers retranchements. La barque est chargée, mais le voyage est savoureux.
On l’attendait au tournant après le succès fulgurant de Tristesses (toujours en tournée). L’auteure et metteuse en scène Anne-Cécile Vandalem reprend dans Arctique le concept de décor monumental à double-fond où le spectacle qui se déroule sur scène est complété d’un film tourné en live dans la partie invisible et projeté sur un écran géant surmontant le tout. L’effet de surprise est donc passé. Mais la maîtrise époustouflante du procédé reste. D’autres éléments ont été repiqués: des secrets enfouis qui resurgissent de manière violente, une coloration politique générale, des apparitions de fantômes et des musiciens qui interviennent en live, renforcés par les comédiens qui se font chanteurs à l’occasion. On y retrouve d’ailleurs deux d’entre eux: Jean-Benoit Ugeux, toujours parfait dans les personnages sans gêne, ici en “acteur dramatique” travestissant la réalité dans le récit qu’il en fait à son dictaphone au vu et au su des autres protagonistes, et Epona Guillaume, 16 ans, autre fidèle d’Anne-Cécile Vandalem (présente dans ses spectacles depuis Habit(u)ation, en 2010), en passeuse mystérieuse.
Nous sommes en 2025, dans un luxueux navire qui n’a jamais vogué suite à un accident, tracté vers le Groenland, terre de toutes les promesses (air encore pur, emplois, paix…) dans un futur proche apocalyptique. Se retrouvent dans l’un des grands salons du paquebot six passagers clandestins aux motivations plus ou moins avouables, aux identités plus ou moins fausses et aux passés plus ou moins troubles. Une chaîne de trahisons, vengeances et révélations va se déployer dans cette embarcation qui tangue (pas facile à intégrer au jeu des acteurs) avant de se retrouver prisonnière de la glace (il faut alors simuler le froid, pas facile non plus). En s’intéressant au Groenland, Anne-Cécile Vandalem a choisi un territoire concentrant bien des enjeux pour le XXIe siècle (géostratégiques, énergétiques, touristiques, éthiques…) et elle leur donne une place dans sa fiction d’anticipation, parfois au chausse-pied et au risque de complexifier l’intrigue à outrance. Mais l’ensemble reste à flot et offre plusieurs moments d’anthologie, comme quand la nature reprend ses droits dans le bateau, flirtant avec le gore dans une séquence visuellement ahurissante.
25.01.2018 | l’Echo | Valérie Colin
“Arctique”, le vaisseau fantôme d’Anne-Cécile Vandalem
Bienvenue sur l’Arctic Serenity. Anne-Cécile Vandalem, qui avait déjà décliné son amour du Grand Nord dans “Tristesses” vient d’engendrer un nouveau monstre scénique.
Les ampoules crépitent, un air glacial rampe sous les portes à hublots: vidée de son faste et de ses fêtards, la salle de bal du vieux navire ne jette plus qu’une lumière blafarde sur le tapis sauge de sa longue estrade. Autour de quelques tables encore nappées, des seaux à champagne culbutés: hormis les rats, rien ne bouge, ici, depuis dix ans…
C’est pourtant là que s’infiltrent, avec leur barda de trekkeurs improvisés, quatre premiers passagers clandestins: une ex-terroriste écologiste cataplectique, un journaliste véreux, une ministre destituée et une veuve trimbalant dans une boîte à biscuits les cendres de son mari. Tous ont embarqué incognito, ou sous de fausses identités, par l’entremise d’un passeur et d’une jeune fille étrange et menaçante, qui parlent russe.
Se connaissent-ils? Ont-ils des comptes à régler? Leur passé semble lourd, et l’affaire apparemment compliquée. La faim et le froid les rongent, autant que le remords, comme l’angoisse née du grincement lugubre des chaînes du paquebot, et des vents catabatiques propres à l’océan Arctique, qui ne cessent de siffler sur le pont. Avant que l’on comprenne ce qui dresse les uns contre les autres, dans cette ultime croisière, un rideau s’ouvre qui laisse place à un orchestre live…
Bienvenue sur l’Arctic Serenity, bateau dérivant qui n’a de serein que le nom! Anne-Cécile Vandalem, qui avait déjà décliné son amour du Grand Nord dans “Tristesses”, et dont le triomphe en Avignon, à l’été 2016, a généré une tournée européenne toujours en cours, vient d’engendrer un nouveau monstre scénique.
Même s’il appartient à la dramaturge de la dompter encore un peu, “Arctique”, cette bête sauvage entre théâtre et cinéma, qui mêle si incroyablement les genres – le burlesque, l’espionnage, le thriller, le huis clos, le music-hall –, doit sa redoutable efficacité au recours constant à deux caméras mobiles, qui filment en direct des parties du rafiot construites en coulisses (couloirs, ascenseur, cabines, salle des machines) et dont les images, projetées au-dessus de la scène, éclaircissent un récit sillonné de réflexions politiques, écologiques et climatiques.
Acteurs excellemment “givrés”
Cette fable d’anticipation (l’action se déroule en 2025) jouit bien sûr aussi de l’extraordinaire puissance de frappe de ses acteurs, tous excellemment “givrés”. Quand l’action se déroule à la fois sur l’écran et sur le plateau, suscitant des émotions simultanées contradictoires, le public, soumis durant deux heures trente (sans pause) aux trivialités, aux rires et aux peurs profondes, plonge lui aussi dans la schizophrénie du moment. Dehors, le permafrost. Dedans, l’enfermement – et parfois aussi un ours blanc vorace –, qui mène très vite à la folie. Entre les deux, ces airs de Tom Waits et d’Irma Thomas, portés par la voix chaude d’une ado en fuseau rouge, formidablement inquiétante.
Époustouflant!
25.01.2018 | lalibre.be | Marie Baudet
“Arctique”, thriller politique sur fond de guerre climatique
Anne-Cécile Vandalem injecte économie, écologie et géopolitique dans sa nouvelle création, au National.
Comme dans les pièces précédentes de Das Fräulein (Kompanie), le décor occupe largement le plateau. Jusque dans les zones invisibles de la salle, scénographiée avec soin pour les scènes filmées. Un procédé semblable, quoique exposant davantage la technique cinématographique, était utilisé dans “Tristesses” (Prix de la critique du meilleur spectacle 2015-2016), création précédente et succès fulgurant – qui continue d’ailleurs de tourner, avec des dates prévues jusqu’en 2020 – d’Anne-Cécile Vandalem. L’intrigue, très marquée par la politique, se déroulait sur une île danoise.
De longue date aimantée par le grand nord, la metteuse en scène s’est, pour “Arctique”, intéressée au Groenland, territoire constitutif du Danemark, et dont les ressources naturelles (gaz, terres rares, uranium…) sont rendues plus accessibles par les effets du réchauffement climatique. Des enjeux géopolitiques donc, mais aussi largement économiques et écologiques, assortis d’une dimension d’anticipation : Anne-Cécile Vandalem a imaginé un Goenland qui, “dans les prochaines années, serait une terre de convoitise pour les plus grandes puissances, un refuge que les Européens fuyant leurs pays en guerre tenteraient de rejoindre, un eldorado pour touristes fortunés, le dernier endroit fertile d’une planète exangue”.
Les six passagers qui embarquent sur l’”Arctic Serenity” – ancien bateau de croisière dont la première traversée, en 2015, s’est soldée par une collision et une mise à l’arrêt – sont des clandestins dont, peu à peu, on va découvrir la raison d’être à bord, en ce mois de décembre 2025.
Le passeur et son assistante (Guy Dermul et Epona Guillaume) font monter un soi-disant acteur en repérage (Jean-Benoît Ugeux), une veuve portant les cendres de son mari (Mélanie Zucconi), une ministre incognito (Véronique Dumont)…
Fantômes et fantasmes
Frédéric Dailly, Eric Drabs, Philippe Grand’Henry, Zoé Kovacs et Gianni Manente complètent la distribution. De la grande salle aux couloirs, cabines et pont du paquebot, il y a le présent de l’intrigue, et le sous-jacent, le hors-champ, tantôt parallèle, tantôt esquissant des flash-back où se révèlent les alliances et les rivalités, où se débusquent les fantômes et surgissent les fantasmes.
Abondamment documenté (terrorisme, questions de l’indépendance, Inuits) sans être documentaire, “Arctique” assume sa complexité au point de la surligner, par des longueurs notamment, parfois pesantes. Par aussi une esthétique fantasmatique, lynchéenne – des papiers peints graphiques à l’improbable trio de musiciens. De quoi nimber de mystère les questions que soulève Anne-Cécile Vandalem, tout en affirmant son style de plus belle.
22.01.2018 | bruzz.be | Sophie Soukias
Anne-Cécile Vandalem: ‘J’étais attirée par le Grand Nord avant même d’y aller’
21.03.2017 | de Volkskrant | Karin Veraart
Surrealistisch garnalenpelstersdrama overstijgt de folklore
Al klinkt het Havenzangerslied traditioneel, dat is dit garnalenpelstersdrama niet. Wel griezelig en bijzonder. De Vlaamse actrices Ilse en Amaryllis Uitterlinden zijn fascinerend als moeder en kind.
Bij binnenkomst in de zaal hoor je het al. Een geluid dat associaties oproept van muffe kamers en miezerige levens: het getik van een ouderwetse klok. Op het toneel zitten twee vrouwen aan een tafel. Ze pellen garnalen.
Als de klok van A… (Theater)
Zo begint Als de klok van A… en wie kent dit Havenzangerslied niet: ‘Als de klok van Arnemuiden/ Welkom thuis voor ons zal luiden/ Wordt de vreugde soms vermengd met droefenis/ Als een schip op zee gebleven is’ (…) Even later klinkt het echt, uit een accordeon.
Tot zover de folklore. Want Als de klok van A… van schrijver en regisseur Judith de Rijke is allesbehalve traditioneel. Kijk naar de verstarde grimassen van de vrouwen en je voelt: dit wordt een drama met surrealistische trekjes. Al snel vliegen de garnalen in de rondte en zijn moeder en dochter, want dat zijn ze, verwikkeld in een onverkwikkelijk verbaal gevecht.
Amaryllis schakelt prachtig van kokette flirt naar aandoenlijk meisje
De zee heeft slachtoffers geëist en doet dat nog iedere dag in dit huis. Twee mannen worden hevig gemist. Hoe het precies is gegaan, dat houden de vrouwen lang geheim. In de tussentijd spelen ze samen vreemde spelletjes, die gaandeweg wreder worden.
De Vlaamse actrices Ilse en Amaryllis Uitterlinden, in het echte leven ook moeder en dochter, zijn fascinerend: Ilse als wanhopige heks van een moeder en Amaryllis als mishandeld kind. De laatste schakelt prachtig van kokette flirt naar aandoenlijk meisje, verdwaald in een sadistisch universum. Een koor, in de personen van Nelleke Kuipers en Cheyenne Boermans (conservatoriumstudenten) becommentarieert het geheel, vaak met muziek die altijd weer teruggrijpt op het aloude lied. Griezelig. Droevig. Bijzonder.
15.03.2017 | theaterkrant.nl | Pieter Rings
Teveel ambities doen gezinsdrama verzuipen
Aanvankelijk lijk je te zijn beland in een authentiek Zeeuws vissersdrama. Niets is minder waar. De stormen buiten op zee zijn peulenschillen vergeleken bij de opkomende orkanen binnenshuis tussen moeder en dochter.
‘Een vissersdrama in twee delen’ is de ondertitel van het stuk dat Judith de Rijke schreef en regisseert voor Theaterproductiehuis Zeelandia. Aanvankelijk is de toestand nog overzichtelijk. De herkenningstune van de voorstelling is die van ‘De klok van Arnemuiden’ waarin wordt gezongen over ‘droefenis/ wanneer een schip op zee gebleven is’. Vader en zoon zijn er niet meer. Moeder en dochter pellen garnalen en moeilijke momenten worden afgezworen met opgewekt vragen of de ander nog een kopje thee wil.
Maar die moeilijke momenten laten zich steeds minder afkopen met een vers kopje thee. De verdwenen vader en zoon zijn omgeven met herinneringen, dromen, fotoboeken en interpretaties over hun heengaan. Die maken stukje bij beetje duidelijk dat er iets anders aan de hand is. De confrontaties hierover tussen moeder en dochter worden steeds heftiger. Het onvervulde verlangen, de onbekende toedracht, het willen weten en het willen loskomen van twee mensen die tot elkaar zijn veroordeeld, het barst op een gegeven moment allemaal door de dijken heen en loopt de spuigaten uit.
De Rijke heeft het zichzelf en de toeschouwer niet makkelijk gemaakt. Wat moeder en dochter roepen zijn verwijten, opgeschroefde herinneringen, in elkaar gezette zelfrechtvaardigingen, je komt er niet snel achter wie en wat je moet geloven. De dramaturgie van Alex Mallems is al even weerbarstig. De garnalen vliegen al snel door de kamer. Ilse Uitterlinden als de moeder snoeft en tiert en stampvoet op tafel. Dochter (ook in het echt) Amaryllis Uitterlinden manifesteert zich nog lichamelijker door te dansen, tegen de microfoonstandaard op te rijden, met haar loshangende haren te headbangen en meerdere malen in haar eigen kruis te grijpen.
Even weerbarstig als de dramaturgie en de regie is het verhaal. Er wordt van alles bij gehaald. De ambities van het stuk dreigen hierdoor te verzuipen. De toeschouwer is zo druk bezig hoogte te krijgen van wat er zich vroeger afspeelde, maar ook nu nog in het dorp, en ook op het moment zelf buiten in de storm waar dorpelingen kopje onder schijnen te gaan, dat hij vergeet begaan te zijn met het lot van moeder en dochter. Het kan allemaal niet op en niemand vraagt zich nog af hoe het af gaat lopen. De storm zo goed mogelijk uitzitten luidt het devies. Erg veel ‘luctor’ en nergens ‘emergo’.
> theaterkrant.nl
13.03.2017 | Omroep Zeeland
‘Als ik De klok van Arnemuiden hoor schiet ik vol’
MIDDELBURG – Het lied De klok van Arnemuiden was voor theatermaker Judith de Rijke het uitgangspunt voor de muzikale voorstelling De Klok van A …. De voorstelling gaat donderdag16 maart in première in de schouwburg in Middelburg.
Vissersdrama
Judith de Rijke schreef een vissersdrama over een moeder en haar dochter. Hun levens worden beheerst door een verdronken kind, een dode vader en het pellen van garnalen. Centraal staan de liefde en haat voor de zee die geeft en neemt en de achterblijvers met hun dromen en verlangens.
Vissersfamilie
Theatermaker De Rijke is geboren in Middelburg en komt uit een familie van vissers. Als ze het lied De klok van Arnemuiden hoort, schiet ze vol, zegt ze. “Voor mij is dat lied een drager van emotie vanwege de betekenis ervan in mijn familie”.
Moeder en dochter
De hoofdrollen in de voorstelling worden gespeeld door Ilse en Amaryllis Uitterlinden, als moeder en dochter. In het werkelijke leven zijn zij dat ook. Het is volgens moeder Ilse heel prettig werken met haar dochter, “We kennen elkaar natuurlijk ook door en door”.
Muziektheater
Als de klok van A… is een muziektheatervoorstelling. Twee studenten van conservatorium in Rotterdam nemen de muzikale begeleiding voor hun rekening en spelen ook een rol in de voorstelling. De première is op 16 maart en de voorstelling toert tot en met 29 april door Zeeland.
wohoo!
De Prix de la Critique – Meilleur Spectacle voor TRISTESSES!
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lesoir.be
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03.10.2016 | L’ECHO | Par Didier Béclard
“Tristesses” sacré meilleur spectacle de Communauté française
Le jury des Prix de la Critique a choisi la pièce d’Anne-Cécile Vandalem tandis que Marielle Morales et Claudio Stellato reçoivent la même distinction, respectivement pour la danse et le cirque.
>Le Théâtre National a fait salle comble ce lundi soir pour la remise des Prix de la Critique qui récompense le meilleur du théâtre, de la danse et, pour la première fois, du cirque, de la saison 2015-2016. Cette unique reconnaissance des artistes de la scène en Communauté française qui existe, sous différents noms et formes, depuis 1952, attire tous les “professionnels de la profession” jusqu’à la ministre de la Culture Alda Greoli.
Dans son intervention, Alda Greoli a évoqué le nouveau décret “Arts de la scène” et ses différentes implications pour le secteur. Secteur qu’elle a rassuré en soulignant que le conclave budgétaire qui s’est terminé ne prévoit pas de nouvelles coupes dans le budget de la Culture. Elle a également évoqué avec son homologue Sven Gatz l’appel à projets communs entre les deux communautés, dont la date limite de remise est fixée au 15 octobre.
La présence des deux ministres communautaires visait également à saluer l’audace et rendre hommage aux deux lauréats du Prix Bernadette Abraté, Jean-Louis Colinet et Jan Goossens, les anciens directeurs respectivement du Théâtre National et du KVS (Koninklijke Vlaamse Schouwburg). Avant de partir sous d’autres cieux, Naples pour le premier, Marseille pour le second, les deux hommes ont tissé des liens importants entre les deux institutions bruxelloises. Leur collaboration active est devenue un exemple et un symbole positif pour Bruxelles et, au-delà, pour la politique culturelle des deux communautés.
Pour la troisième fois seulement dans l’histoire des Prix de la Critique, le jury a décerné cette année un prix spécial à Milo Rau. Le metteur en scène suisse (qui donc n’entre pas en compte dans les différentes catégories réservées à des artistes “relevant” de la Communauté française) a présenté au Théâtre Varia dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts “Five Easy Pieces”, une pièce qui évoque l’affaire Dutroux et qui est jouée par sept enfants âgés de 8 à 13 ans. Loin de tout fantasme, de tout sensationnalisme, de toute provocation, Milo Rau a fait l’événement avec une pièce intelligente emplie de finesse et de respect sur ce traumatisme qui frappa la Belgique. Le jury a tenu à saluer l’audace, la réussite et la pertinence de cette démarche.
Théâtre, danse et cirque
Si les délibérations du jury donnent parfois lieu à d’houleuses discussions, c’est quasi à l’unanimité que “Tristesses” d’Anne-Cécile Vandalem a été désigné Meilleur spectacle. L’intrigue politico-policière, avec Anne-Cécile Vandalem dans le rôle principal, est une œuvre ambitieuse qui mélange cinéma et théâtre dans une esthétique très épurée. Les autres nominés de cette catégorie étaient “Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu”, du Nimis Groupe, “Cold Blood”, de Jaco Van Dormael, Michèle Anne De Mey et Thomas Gunzig.
La discussion fut plus passionnée pour désigner le meilleur spectacle de danse. Le délicieux “Rushing Stillness” de Marielle Morales créé au festival In Movement aux Brigittines a été préféré – ce n’était pourtant pas évident – à “Happy Hour” de Mauro Paccagnella et “Simplexity” de Thierry De Mey. Dans cette pièce, Marielle Morales impose le ralenti et joue sur nos perceptions du monde et du temps qui passe.
Face à “Jet-lag” de la Compagnie Chaliwaté et “Poivre rose” de la Compagnie Poivre rose, c’est à “La Cosa” de Claudio Stellato que revient l’honneur du premier prix du Meilleur spectacle de cirque de l’histoire des Prix de la Critique. Ce spectacle époustouflant en forme de mythe de Sisyphe met en scène quatre hommes en costume, quatre stères de bois et quatre haches.
29.04.2016 | MOUVEMENT | Par Agnès Dopff
Jeu de société
À travers une création quasi-alarmiste, la metteuse en scène Anne-Cécile Vandalem plonge le Théâtre national de Bruxelles dans une grisaille léthargique : Tristesses, ou l’esquisse d’un vague à l’âme contemporain.
Sur la scène du théâtre devenue plateau de jeu, les personnages de Tristesses entament la partie comme on prend la pluie : s’extirpant mollement de maisonnettes tout droit sorties d’un Monopoly, les huit habitants de l’île et leurs deux âmes errantes donnent à voir le spectacle sans joie d’existences dénuées de sens.
Costumes gris sur fond gris, les façades de l’île Tristesse ont pour elles de ne pas mentir, ne dissimulant rien de plus qu’un intérieur aux teintes désespérément raccord. Familles aux membres juxtaposés, à l’adolescence tiède et aux irritations manifestes, où l’absence béante d’horizon peine à être comblée par une partie de jeu, minable ersatz de société. Le jeu, ultime recourt pour le maintien d’un vivre-ensemble statique, est ici brandi sans ménagement avec la nervosité des causes perdues.
Dans l’entre-soi asphyxiant des quatre maisonnettes accolées, plus rapprochées encore par l’épais brouillard qui enveloppe le village, le temps s’éternise au rythme de quelques accords électro. Face au spectacle de ces personnages passifs à l’extrême, incarnation même de la défaite, difficile de ne pas céder au rire, franc et libérateur. Rire de cette épouse, docilement soumise à l’humiliation d’un mari excessif, lui-même risible de s’engager tout entier dans une bête partie de jeu. Rire encore de cette pesanteur qui écrase toute âme résidente de Tristesse, et qui semble définir la teinte même de l’air. Sortir les crocs, dans un mouvement de survie, pour défier ce mal planant de gagner le public.
Si Tristesses raconte l’histoire d’un suicide, celui d’Ida, doyenne de l’île et mère de l’actuelle leader d’extrême-droite, l’intrigue souvent sous-titrée intéresse ici bien moins que l’atmosphère toute particulière qui se dégage de la scène. Gestes, dialogues et actions se déroulent dans une pesanteur de plomb tandis que l’absence totale de direction excite l’irritation des individus. Dans une île dépouillée de toute activité économique et isolée du monde, l’ennui mortel rehausse l’humiliation au rang de passe-temps favori. Pourtant, dans cette mer de déprime, le décès d’Ida dénonce soudain la vanité d’un accablement d’habitude, et réaffirme la peine comme force-vie.
Par un habile dispositif scénique, une caméra embarquée traque les personnages jusqu’au sein des foyers, et projette ce voyeurisme sur un écran surplombant les habitations à vue. L’exiguïté s’en trouve renforcée et enserre un peu plus encore les pauvres âmes de Tristesse. À l’écran, les plans ultra-rapprochés oppressent autant qu’ils intriguent. Les visages, souvent partiellement dissimulés dans la pénombre, inquiètent délicieusement à la manière d’un film d’horreur. Dans la torpeur de Tristesse, la peur se fait ultime excitant et la haine de l’Autre dernier ressort d’un vivre-ensemble agrippé à l’entre-soi. La chasse d’hier, quête du bouc émissaire, prend des accents de géopolitique, et qu’importe la cible, il faut serrer les rangs.
Malgré une intrigue parfois complexe et qui alourdit l’ensemble, Tristesses parvient à saisir cette lassitude toute contemporaine, où la haine de soi, savamment cultivée par des simili-jobs, des stratégies de division et autres politiques d’austérité, ne parvient plus à s’élever qu’à la haine de l’autre, jouant dès lors le triste rôle de liant social, là où déserte le débat politique.
> mouvement.net
12.04.2016 | RTBF | Christian Jade
“Tristesses” : la beauté du mal****
A première vue les spectacles d’Anne-Cécile Vandalem nous décrivent une réalité familière mais étrange. Une femme éclate en sanglots face à un mari grossier lors d’un banal jeu de ” trivial pursuit “. Une fillette joue… mais pourquoi diable avec un fusil ? Dans un village de trois maisons baignant dans une lumière froide, des individus saccagent les plantes des voisins. Sans raison apparente. Et puis ça discute ferme sur cette petite île danoise nommée Tristesses, jadis prospère par ses abattoirs. Dans cette minuscule communauté de 8 personnes, dont deux fillettes, on a découvert la vieille Ida, pendue au mât, enveloppée dans le drapeau danois. Suicide ou…? Ida, c’est la femme de Käre, ex chef du Parti Populaire. Leur fille, Martha, dirige sur le continent le nouveau Parti du Réveil Populaire et débarque soudain, glaciale, pour les funérailles, fermement décidée à transformer les anciens abattoirs en studio de production de films de propagande du parti. Mais d’abord faut enterrer la mère et lui rendre hommage. L’occasion d’un huis-clos bouleversant et …cocasse, dans l’église où chacun rend hommage à la défunte, dans un délire de larmes, de rires et de mauvaise foi. Martha y prend le pouvoir avec un cynisme tranquille. La suite sur scène et… sur écran.
Le règne de l’ambiguïté
Voilà pour le premier degré qui ressemble furieusement à un polar (suicide ou assassinat?), doublé d’un portrait de groupe, rongé par ses contradictions intimes. Et manipulé par l’extrême droite contemporaine. Mais ce réalisme apparent cache des tiroirs à fonds multiples qui multiplient les miroirs, les reflets, les interrogations, les faux-semblants. Rien ni personne n’est clair, ni dans ses intentions ni dans ses actes. Les larmes d’Anna, sincères ou tactiques, manipulatrices? ? Pourquoi sa fille cadette est-elle muette? Et son aînée, fascinée par les armes? Pourquoi la femme du pasteur est-elle si véhémente, révoltée et finalement soumise? Et ce pasteur, au fond, un peu mal à l’aise dans sa peau ou…son rôle, non? Les interrogations sont multiples. L’auteure, Anne-Cécile Vandalem s’en lave les mains des réponses. A l’imagination du public de jouer. Comme Anne-Cécile, d’ailleurs qui joue le rôle principal,celui de Martha, la manipulatrice en chef, tiens, tiens. Et qui assume la mise en scène. Triple rôle, auteure, actrice, metteuse en scène. Les 3 à la perfection. Non sans humour car le rire et l’absurde viennent alléger la pâte de la fable, ici et là.
Une esthétique séduisante.
Mais, comme elle nous le confie dans l’interview qui suit (partie “bonus”), Anne-Cécile adore “jouer avec les “codes”et les “degrés” et le jeu avec les difficultés techniques c’est son plus grand bonheur. Ici elle pratique habilement le mélange, classique, du cinéma et du théâtre. Mais au lieu d’écraser le théâtre par une vidéo dominante qui fait oublier la scène elle joue simultanément sur l’espace théâtral et l’écran. Le public a la liberté de choisir son angle mais des gros plans sur les visages cadrent l’expressivité et économisent les mots inutiles. Remarquable travail vidéo d’Arié Van Edgmond. La scéno de Ruimtevaarders ramasse le village comme une épure, éclairée par le génial Enrico Bagnoli, qui accentue l’angoisse glaciale dominante. Comme si la représentation du village était le paysage mental de Martha, la manipulatrice. Enfin la musique superbe de Vincent Cahay et Pierre Kissling jouée “live”, avec la soprano Françoise Vanhecke, ajoute une touche d’inquiétante étrangeté puisque les musiciens se révèlent comme les fantômes errants des morts. Avec la soprano, ombre mélodique de la morte, Ida. Le tout sans l’ombre d’un mélo.
Une troupe soudée et magistrale.
Enfin, une telle réussite repose d’abord sur une troupe d’ acteurs qui jongle avec les difficultés techniques du “double jeu” théâtre-cinéma. En particulier dans le long traveling de l’enterrement à l’église, ils ont tous leur moment de grâce dans “l’éloge” de la défunte: mauvaise foi du pasteur, Vincent Lécuyer, drôlerie de sa femme Catherine Mestoussis, inventivité d’Anne-Pascale Clairembourg dans l’épreuve des larmes, cynisme de Jean-Benoît Ugeux son mari, bonhommie roublarde de Bernard Marbaix, ex chef du parti populiste, cynisme assumé d’Anne-Cécile Vandalem. Avec l’étonnante performance des jeunes soeurs Guillaume, Epona et Séléné, 15 ans et 13 ans, qui jouent crânement ces rôles d’adolescentes désemparées. Epona maniant le chant encore mieux que le fusil .
En bref: familles détruites, société menacée, manipulateurs triomphants. Un état des lieux grinçant de notre monde. Parcouru d’une ironie (parfois) drôle et (toujours) d’une surprenante beauté.
12.04.2016 | La Libre | door Marie Baudet
Bonjour “Tristesses”
Ecriture étourdissante, construction captivante, constats cruels – et drôles : de quoi sortir de la salle de la Grande Main ébouriffé par les vents du nord, par ceux aussi qui soufflent aux hommes leurs pires machinations, par ceux enfin qui piquent les yeux jusqu’aux larmes.
Dimanche au Théâtre de Liège est né “Tristesses”, ample projet d’Anne-Cécile Vandalem (Das Fräulein Kompanie) rassemblant de nombreux coproducteurs – dont le National, le Manège. Mons, le Théâtre de Namur, les scènes nationales du Havre et d’Annecy… – et repris dans le In d’Avignon. Impressionnant, le dispositif recrée sur le plateau les quelques maisons encore habitées d’une île danoise, Tristesses, qui s’est dépeuplée à mesure que fermaient ses abattoirs. Là, il ne sont plus que huit, en comptant Ida, la suicidée. Sa fille Martha Heiger, qui dirige le parti le plus influent du pays, arrive du continent pour les funérailles. Son père et ses amis d’autrefois sont restés là, dans une vie qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut, dans un huis clos paradoxal : petites cellules intimes au milieu des éléments, alors que le monde, au dehors, observe son propre enlisement dans le chaos.
Entre huis clos et vent du large
Il y a tout cela et plus encore dans “Tristesses”, que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de “spectacle de la maturité”. Après les déjà puissants “(Self) Service”, “Habit(u)ation” ou “After the Walls (Utopia)” – et leur collection de Prix de la critique -, Anne-Cécile Vandalem affirme de plus belle sa maîtrise des codes, y compris ceux de l’ambiguïté, qui sourd de chaque détail, se tapit derrière la moindre phrase.
Épaulée par un beau panel de talents – des lumières d’Enrico Bagnoli à la scénographie de Ruimtevaarders, de la création vidéo d’Arié van Egmond aux maquillages de Sophie Carlier, sans oublier la composition musicale de Vincent Cahay et Pierre Kissling, et le coaching vocal de Françoise Vanhecke (ces derniers se mêlant à la distribution en spectres musiciens) -, l’auteure metteuse en scène signe un feuilleté de forme et de fond où, des registres entrechoqués, naissent d’inquiétantes turbulences.
“Penser, mélanger, croiser” : credo de la créatrice, l’hybridation est pleinement assumée ici, où musique et cinéma en direct font partie intégrante non seulement du résultat mais de la genèse. Ainsi est-on à la fois dans une série scandinave et à l’opéra, au cœur d’un polar fantomatique et d’un drame shakespearien, dans une politique-fiction au scénario catastrophe et horriblement vraisemblable. Mais aussi dans “une comédie” – sous-titre de “Tristesses” – qu’enluminent les formidables Anne-Pascale Clairembourg, Epona et Séléné Guillaume, Vincent Lécuyer, Bernard Marbaix, Catherine Mestoussis, Jean-Benoît Ugeux. Et Anne-Cécile Vandalem elle-même, en manipulatrice glaçante.
08.04.2016 | BRUZZ | Par Gilles Bechet
«Tristesses», une comédie sur la fabrication des émotions
Dans son nouveau spectacle Tristesses, la dramaturge belge Anne-Cécile Vandalem emprunte les codes du polar pour emmener le spectateur dans une comédie politique sur la manipulation par les émotions. Avec pour décor, une île nordique au milieu des eaux danoises.
Tristesses est une île au nord du Danemark. La dirigeante du parti populiste Réveil Populaire meurt assassinée. Sa fille revient sur l’île pour transformer les anciens abattoirs en faillite en studios de cinéma où elle veut tourner des films de propagande. Impuissance démocratique, manipulation politique, réveil du nationalisme, autant de motifs qu’Anne-Cécile Vandalem tisse et entremêle dans son nouveau spectacle qui tient autant du polar nordique que du théâtre musical. Comme toujours chez la dramaturge liégeoise qui déteste se répéter, le dispositif scénique est indissociable de la fiction. Baignée dans un tranchant clair-obscur, la scène est transformée en un plateau de tournage d’où se dégage une sensation d’inquiétante étrangeté.
Une étude de l’université de Tilburg révèle que les pays les plus démocratiques et prospères sont ceux où l’on pleure le plus souvent. La tristesse, c’est notre luxe à nous ?
Anne-Cécile Vandalem : Oui, et ça résonne bien avec les différentes étapes par lesquelles je suis passée pour écrire ce spectacle. Deleuze parle de la tristesse comme d’une diminution de notre puissance de vie qui est marquée par l’emprise d’autres personnes, de choses et de situations sur nos corps. Je ne parle pas des tristesses qui suivent un accident, la mort ou la maladie. Les tristesses qui m’intéressent sont celles qu’on ne s’évite pas et qu’on cultive. Avec sans doute une certaine complaisance. Ce qui m’intéresse, c’est comment cette tristesse peut être utilisée au sein d’un couple ou d’une famille, dans un rapport dominant-dominé. Et comment, poussée à l’extrême, l’arme psychologique devient une arme politique.
Dans une précédente interview vous disiez ne pas vouloir faire de spectacle politique, qu’est-ce qui vous a fait sauter le pas ?
Anne-Cécile Vandalem : J’ai dû dire ça au moment d’Habit(u)ation. Je m’intéressais alors à la famille et j’avais construit la trilogie comme quelque chose qui allait me forcer à aller vers l’extérieur. De la famille, de l’intime, j’évolue vers le collectif, qui fatalement amène au politique. À une époque, je disais ne pas avoir envie de faire de spectacle politique, mais là, ça s’impose. On n’est pas dans un spectacle militant, mais ça tient compte d’un état du monde et d’une inquiétude. Quand il y a eu les attentats, j’étais très déstabilisée parce que j’étais prise entre l’envie d’en parler ou pas. Est-ce que ça me fait du bien ou pas d’en parler et ensuite est-ce que ça sert à quelque chose de le faire dans ce cadre-là. Est-ce que ça ne l’empire pas ? Je m’en sors en ne nommant pas les choses directement, mais en créant des motifs qui nous renvoient à notre réalité. Quand ils parlent des “ autres ”, on a compris que ce sont les “ étrangers ”.
On sent, tant dans les lieux où se déroulent vos pièces que dans beaucoup de vos influences, un tropisme nordique. D’où cela vous vient-il ?
Anne-Cécile Vandalem : Hum ! J’ai toujours su que j’allais mourir sur une banquise… Je fantasme énormément sur le Nord. Dans Habit(u)ation, la seule chose que voulait la gamine, c’était d’aller à Hammerfest, le point le plus haut en Norvège, pour voir d’où venait le saumon que vend son père. Il y a toujours eu pour moi cette vision du Nord comme lieu de fantasme absolu que maintenant en grandissant, je confronte avec les réalités politiques de notre époque. Le Danemark, par exemple, est à la fois le pays ou les gens sont les plus heureux et un de ceux où l’extrême droite est la plus forte. Au début, je ne savais pas si j’allais situer mon histoire en Grèce ou dans le Nord. Quel foyer de tension pour la montée du nationalisme m’intéressait le plus? J’ai choisi le Danemark parce que naturellement je comprends mieux les rapports nordiques que les rapports méditerranéens. C’est bête, mais par exemple je n’aime pas que les gens se touchent dans mes histoires. Ce n’est jamais facile de se toucher. Il y a un rapport au corps, un rapport aux émotions, un rapport au langage que je maîtrise mieux quand je me projette dans cette culture-là. Même si je ne la connais pas bien et que tout ce qui m’y attire est très fantasmé.
Comme dans chacune de vos productions, vous distillez ces thématiques graves dans une histoire qui emmène le spectateur sans le lâcher.
Anne-Cécile Vandalem : Tout à fait. On rentre dès le début, comme au cinéma, dans un processus d’identification totale soutenu par un scénario assez complexe où se mêlent deux intrigues. Cela me permet d’exploiter les caractères et les situations jusqu’à leurs limites. C’est d’une certaine manière l’histoire d’une rencontre violente entre la comédie, le drame et la tragédie. Ça dure deux heures vingt, on rentre dedans et on part ailleurs.
Il y a aussi un humour qui permet un certain recul.
Anne-Cécile Vandalem : Quand j’ai voulu écrire cette histoire qui s’appellerait Tristesses, mon pari était d’en faire une comédie, de faire quelque chose de cette tristesse. J’utilise l’humour pour créer du relief et parce que c’est souvent le seul moyen de se sortir de certaines situations. Il y a des moments où on se demande pourquoi on rit parce que les situations sont tellement désespérées. Je ris toujours de la maladresse des gens, de leur laideur, au propre comme au figuré, de leur volonté absolue de vouloir prendre le pouvoir sur l’autre. J’en ris mais je pourrais tout aussi bien en pleurer car ces situations sont dramatiques et tragiques mais c’est notre manière de nous en extraire. J’aimerais qu’à la fois, les spectateurs aient pu rire, peut-être pleurer, penser, être énervé ou inquiété. Ça s’appelle Tristesses et j’ai envie que les gens sortent de la salle, peut-être pas confiants, parce qu’il n’y a pas de quoi, mais avec la volonté de préserver une joyeuse inquiétude.
06.04.2016 | LE SOIR | Par JEAN-MARIE WYNANTS
«Tristesses», une comédie sur la fabrication des émotions
Avec sa nouvelle création, Anne Cécile Vandalem s’interroge avec humour sur l’utilisation de l’émotion dans un monde où l’art serait détourné par les pouvoirs
Un petit village paisible. Une église, quelques maisons en bois comme on en voit partout dans les pays scandinaves. A l’intérieur, des chaises, des tables, des ustensiles de cuisine, quelques livres… Et puis ces objets intimes qui font que même semblables, vues de l’extérieur, ces maisons ont toutes leur propre personnalité.
Ce petit village, les spectateurs lui feront face durant chaque représentation de Tristesses, la nouvelle création d’Anne-Cécile Vandalem. Seules la place du village et les façades seront visibles. Tout ce qui se passe derrière celles-ci sera filmé en direct à l’intérieur des différentes maisons. Une proposition originale où la scénographie et la technique prennent, comme toujours chez cette metteuse en scène hors du commun, une place primordiale. Dans le dispositif artistique, mais surtout dans le contenu même du sujet abordé.
« J’avais envie de travailler sur la notion de tristesse et de parler de la fabrication des émotions et de la manipulation par l’image, explique Anne-Cécile Vandalem. C’est une histoire à tiroirs, avec ce que j’appelle une histoire et une méta-histoire. L’histoire, c’est un fait divers qui se passe sur une île. Et la méta-histoire, c’est comment un parti de la nouvelle extrême droite va récupérer ce fait divers et re-raconter l’histoire différemment pour servir ses desseins. »
« La dirigeante du parti vient récupérer des anciens bâtiments d’abattoir pour en faire des studios de production de cinéma. Et en fait, on se rend compte que le premier film de ces studios est ce que l’on est en train de voir. Ce film va créer des émeutes et mettre le feu aux poudres. Donc on assiste à une histoire et on comprend petit à petit qu’elle va être récupérée. Et on comprend comment on peut transformer ce qu’on a vu pour en tirer un autre récit. »
L’utilisation de l’émotion est au cœur du propos, notamment grâce à l’utilisation de gros plans des acteurs filmés en direct afin de montrer l’efficacité de l’usage des larmes. « Même si on voit que tout cela est fabriqué sous nos yeux, on s’identifie. » Un constat qui s’applique particulièrement au théâtre et au cinéma où le spectateur « marche » alors qu’il sait que tout est fiction. « Et tant mieux, s’exclame Anne-Sophie Vandalem. C’est ça qui fait qu’on survit. Si on n’avait pas la faculté de se projeter dans des fictions, dans des histoires qu’on s’invente, qu’on fantasme, on serait mort de tristesse. Donc c’est ultra nécessaire. Ce qui m’inquiète, et que j’aborde ici, c’est la question de savoir ce qui se passerait si les pouvoirs s’emparaient de notre faculté de s’identifier à ces histoires pour les utiliser à leur compte. »
Pour mener à bien un tel projet, la jeune femme a fait appel à une équipe de six comédiens adultes et deux adolescentes. Avec, en prime, deux musiciens et une soprano. « L’histoire est divisée en cinq tableaux avec deux caméras en plateau et de la musique live. Celle-ci est très importante pour porter le rythme, notamment. Et puis parce que cette petite communauté se structure autour du chant, du jeu, de la danse, du rite religieux… »
Du côté des comédiens, il fallait une équipe capable de passer d’un genre à l’autre avec aisance. « On peut être dans un code proche de la BD, un peu absurde avec pas mal d’humour et passer d’un seul coup dans l’église avec la scène des funérailles où tout le monde pleure en gros plan. On est dans ces tensions que j’aime bien produire et qui peuvent être tellement fortes que tout à coup, on en rit. Pour cela, j’avais besoin de gens capables de passer instantanément d’un code de jeu théâtral à un gros plan face caméra. » Au milieu de cette distribution, dans le rôle de la présidente du parti d’extrême droite, on retrouvera Anne-Cécile Vandalem. « Il y a longtemps que je voulais y retourner. Au départ, c’est quand même pour ça que j’ai commencé à créer des spectacles. Pour moi, une fois que le spectacle est créé, le regarder, c’est une torture. C’est comme ne pas aller au bout de quelque chose. Et puis c’est plus facile de transmettre l’énergie de jeu que je cherche en étant sur le plateau avec les autres. »
05.04.2016 | 8WEEKLY| door Liefke van den Boom
Hongaars repertoire in Frascati: een absurd zwart sprookje
Het Nederlandse theaterlandschap is niet heel bekend met het werk van de Hongaarse Ferenc Molnár, maar na de bewerking van Julie Van den Berghe zal hier ongetwijfeld verandering in komen. Zij brengt met het stuk Liliom een donkere en absurde verbeelding van de armoede in de sloppen van Boedapest, waarin het volk in een rauwe werkelijkheid worstelt met sociale (on)afhankelijkheid: een schijnbaar onmogelijk verlangen naar samenhorigheid.
De Hongaarse roman- en toneelschrijver Ferenc Molnár (1878 – 1952), pseudoniem voor Ferenc Neumann, wordt gezien als een belangrijk vertegenwoordiger van het naturalistische toneel. Zijn taal wordt over het algemeen als eenvoudig en geestig omschreven, maar wordt door Jibbe Willems vertaald naar een ietwat boerse en gestileerde volkstaal. De tekst is een opsomming van tautologieën en simpele scheldwoorden. Een tekst waarin de hoop op toenadering tot elkaar voelbaar wordt gemaakt.
Circulerend geheel
Het toneelbeeld is energiek. De ronde houten constructie waarop Liliom de voorstelling opent, vormt tegelijkertijd de kern van het stuk. Om de constructie heen circuleren zilveren panelen die op een never ending rails langs elkaar heen kunnen bewegen. Liliom beweegt zich vrijwel alleen op de constructie en waar hij er een enkele keer vanaf stapt lijkt hij zich van zichzelf te distantiëren. De zestien personages, vertolkt door negen acteurs, spelen in de verschillende lagen tot de kern: Liliom. Zij balanceren in beide richtingen om hem heen en zoeken daarin elk een toenadering tot de agressieve en afstandelijke jongeman. Het is een vorm die prachtige en ingenieuze beelden oplevert en die de gemoedstoestand van Liliom versterkt.
Weinig ontwikkeling
LiliomDe personages blijven echter vrij typematig. Er is nauwelijks ontwikkeling te ontdekken in de kleine twee uur die de avond duurt. Enkel Julie (Hélène Devos) verrast met mooi spel waarin zij met veel weemoed afscheid neemt van haar Liliom. Een relatie die voor zijn naasten compleet onbegrepen blijft. Behalve voor de tweede vrouw in Lilioms leven: Muskat (Janni Goslinga), wellicht de enige vrouw die naast Julie door Lilioms streken heeft kunnen kijken.
Julie Van den Berghe (1981) heeft haar naam snel doen verspreiden. In 2010 studeerde zij af aan de regieopleiding van de Amsterdamse Theaterschool. In 2017 treedt zij in de voetsporen van Ola Mafaalani, als artistiek leider van het Noord Nederlands Toneel. Een frisse regisseuse van wie wij nog meer duistere stukken kunnen verwachten, die volgestopt zijn met haar ‘vrolijk-grimmige fantasie’. Ik hoop dat zij haar tanden in voor Nederland onbekend repertoire blijft zetten.
04.04.2016 | De Volkskrant | door Hein Janssen
Eelco Smits speelt Liliom knap: aards, laconiek en een beetje eng
Regisseur Van den Berghe heeft meerstemmige zang en rariteiten toegevoegd waardoor je goed bij de les blijft. Eelco Smits speelt de titelrol knap: aards, laconiek en soms een beetje eng.
Een kermisjongen verliefd wordt op een jong meisje. Het is een bekend gegeven in films en toneelstukken en zo’n jongen is ook hoofdpersonage in het toneelstuk Liliom van de Hongaarse schrijver Ferenc Molnár (1878-1952). Hij is hier niet of nauwelijks bekend, maar heeft niettemin een groot aantal toneelstukken op zijn naam. Bij TA2 en Frascati Producties wordt het stuk nu geregisseerd door Julie van den Berghe. TA2 is de talentondersteunende afdeling van Toneelgroep Amsterdam. Een beetje raar is dat wel, want Van den Berghe wordt komend seizoen artistiek leider bij het Noord Nederlands Toneel, als opvolger van Ola Mafaalani. Van talent naar topvrouw – en dat binnen een jaar.
Liliom is een zwart-romantisch stuk met nogal wat uitweidingen en allerlei schetsmatige bijfiguren, gesitueerd in een volkswijk in Boedapest begin 20ste eeuw. Liliom (Eelco Smits) is het type ruwe bolster blanke pit. Hij verdient zijn geld met optredens in de kermisattractie van zijn bazin (Janni Goslinga). Het jonge meisje Julie (Hélène Devos) sluit hem in haar amen. Maar rust vindt Liliom niet – hij is agressief, slaat zijn geliefde, heeft foute vrienden, gaat gokken en wil naar Amerika. Op de vlucht voor de politie klimt hij uiteindelijk in een elektriciteitsmast en elektrocuteert zichzelf.
Het toneelbeeld bestaat uit het houten staketsel van een carrousel. Daaromheen schuivende panelen en rails waarop Liliom de trein van Boedapest naar Wenen kan horen, als symbool voor de verte waarnaar hij verlangt. Als toneelstuk is Liliom een mix van Georg Büchners Woyzeck (1837) en Kasimir en Karoline van Ödön von Horváth (1932) – literaire ideeënstukken met een romantisch-avontuurlijke inslag. De voorstelling begint in een soort hiernamaals waarin een Magistraat (Chris Nietvelt) Liliom ondervraagt en hem veroordeelt tot zestien jaar vagevuur – want ‘pas als je vergeten bent, ben je gestorven’.
Vanuit die raamvertelling volgen we Liliom langs zijn onrustige levenspad in een reeks scènes die soms flink zijn aangezet (schreeuwende politiemannen, een heerlijk robuuste kermismadam van Goslinga) maar af en toe ook rust en intimiteit krijgen.
Eelco Smits speelt de titelrol knap: aards, laconiek en soms een beetje eng. Hélène Devos is een energieke Julie, maar door haar iets te rappe tempo af en toe helaas onverstaanbaar. Van den Berghe heeft allerlei geluidseffecten, meerstemmige zang en rariteiten toegevoegd waardoor je goed bij de les blijft. Want hoe maf en eigengereid haar voorstelling soms ook is, als Liliom en Julie (dan gespeeld door Chris Nietvelt) aan het eind op bezonken toon hun omstandigheden beschouwen, is er eindelijk rust in de tent. De mallemolen van het leven is tot stilstand gekomen.
05.04.2016 | NRC | door Ron Rijghard
Liliom moet een smeerlap zijn, maar blijft ongevaarlijk
Liliom is dood. Met armen en benen gespreid ligt hij op het ronde houten podium. De poortwachter van de hemel (Chris Nietvelt) vraagt hem of hij nog wat goed te maken heeft op aarde. Ze veroordeelt hem tot zestien jaar vagevuur. Dan schiet de voorstelling terug naar toen Liliom nog leefde op aarde, waar hij ontslag neemt bij de draaimolen waar hij werkt en een relatie begint met dienstmeid Julie. Hij blijkt een smeerlap te zijn die vrouwen slaat, omdat „een flinke tik het beste medicijn kan zijn”.
Liliom, een tekst uit 1909 van de Hongaar Frenec Molnár, is onder het stof vandaan gehaald door regisseur Julie Van den Berghe, die bij Toneelgroep Amsterdam 2 en Frascati Producties haar talent ontwikkelt. Maar ze vertilt zich aan dit stuk, dat arm van taal en eendimensionaal aandoet. Geen moment vindt de voorstelling het juiste ritme en de toon om de beoogde beklemming tot stand te brengen en uit te groeien tot een proeve van wanhoop, blinde liefde en destructie. De acteursregie is onevenwichtig, het spel schreeuwerig en luidruchtig tot absurd. In de hoofdrol doolt Eelco Smits verloren rond. Zijn geabstraheerde vuistslagen doen koddig aan. Nietvelt redt zich op basis van haar klasse. De onderkoeld acterende Hélène Devos speelt als Julie een sterke rouwscène – bijna ontroerend in deze groteske setting. Dat neem je mee: de wens haar terug te zien.
> nrc.nl
04.04.2016 | RiRo
LILIOM
TA2 EN FRASCATI PRODUCTIES /JULIE VAN DEN BERGHE
Een halsstarrige en gewelddadige man van zevenentwintig werkt op de kermis. Daar ontmoet hij het dienstmeisje Julie. Hij neemt ontslag, ze trouwen, maar leiden door geldgebrek een marginaal leven. Julie wordt zwanger, en Liliom droomt van emigratie naar Amerika. Overgehaald door zijn vriend Fiscur doet hij mee aan een mislukte overval op een betaalmeester. Nog gefrustreerder dan hij al was, maakt Liliom een eind aan zijn leven en laat zijn zwangere vrouw in armoede achter.
De hemelse magistraat draagt Liliom na zestien jaar vagevuur op om naar de aarde terug te keren om één werk van schoonheid te verrichten. En zich dan, hopelijk gelouterd, opnieuw bij de hemelse rechter te melden. Van het succes van zijn missie op aarde zal afhangen welke deur in het hiernamaals definitief voor hem open zal gaan. Zich presenterend als zwerver, klopt hij aan bij zijn weduwe en zijn inmiddels zestienjarige dochter. Maar ook nu spelen woede en frustratie hem parten. Hij faalt.
Eelco Smits speelt eigenlijk altijd goed, maar als Liliom is hij meer dan goed. Geweldig hoe hij de combinatie van goede wil en ingehouden woede laat zien, hoe voortdurend de twee kanten van Liliom voelbaar blijven. De man die wel wil veranderen, maar die dat niet kan door zijn frustraties en zijn schaamte. Ook Hélène Devos, in de andere hoofdrol, laat staaltjes van ongelooflijk goed acteren zien: trots en zelfverzekerd in de scene waarin ze Liliom ontmoet, hartverscheurend in haar rouwmonoloog bij zijn lijk.
Julie Van den Bergh blijkt, ook nu weer, een uitstekende acteursregisseur, ook alle andere acteurs spelen goed tot zeer goed. Eén daarvan wil ik toch apart noemen: Janni Goslinga, superieur in haar bijrol als eigenares van de draaimolen en voormalige minnares van Liliom.
In Liliom gaat het om de problemen van de onderklasse, van de marginalen. Vertaler Jibbe Willems heeft waarschijnlijk daarom gekozen voor hedendaags Nederlands met opzettelijke taalfouten zoals ‘Die is niet zo goed als mij’, om daarmee het volkse van de personages te benadrukken. Hoe dan ook, het werkt.
Liliom is een stuk uit 1909 van Ferenc Molnár, het pseudoniem van Ferenc Neumann (Boedapest 1878 – New York 1952), die in 1938 naar de Verenigde Staten emigreerde. Tot vandaag had ik nog nooit van hem gehoord. Van regisseur Julie Van den Berghe (1981) daarentegen wel, Liliom is inmiddels al de zesde regie die ik van haar zie. Bij de eerste, Salomé (NNT), was ik meteen onder de indruk van haar talent. Maar zowel die voorstelling, als de voorstellingen daarna, gebruikte ze om te onderzoeken welke stijlmiddelen bij haar pasten, om te bepalen wat uiteindelijk haar handtekening als regisseur zou worden.
Want met uitzondering van Een lolita (NTGent), strak, stijlvast, en fenomenaal goed, probeerde ze steeds in één en dezelfde voorstelling meer dan één stijlmiddel uit. Begrijpelijk natuurlijk voor een jonge regisseur met ambities. Voor haarzelf waren het waarschijnlijk geslaagde experimenten. Maar voor mij als toeschouwer nogal eens voorstellingen die te lijden hadden onder niet altijd zo geslaagde stijlbreuken.
Het zij haar vergeven. Want die experimenten hebben geleid tot de zekere hand van de regisseur die haar vak volledig beheerst. Liliom is een perfecte voorstelling, er valt werkelijk niets op aan te merken.
02.04.2016 | Theaterkrant | door Hein Janssen
Liliom is volks en mystiek tegelijk
‘Het is smerig, het hart. Het hoort op de slachtbank’, beklaagt Julie Zeller in een emotionele monoloog de liefde. Liliom, titelpersonage, uitvreter, de vader van haar nog ongeboren kind, is zojuist dood gevonden: op de vlucht voor de politie is hij in een elektriciteitsmast geklommen en geëlektrocuteerd. ‘Het is een groot geluk dat je dit is overkomen’, troostte haar beste vriendin Marie haar. Maar Julie verstart, ook als haar aartsrivaal Muskat haar medeleven komt betuigen. Pas zodra ze alleen is, breekt ze.
We bevinden ons op pakweg driekwart van de voorstelling Liliom, die regisseur Julie Van den Berghe brengt bij TA-2 (het ontwikkelingsplatform van Toneelgroep Amsterdam voor regisseurs) en Frascati Producties. De proloog van de voorstelling speelt zich praktisch op hetzelfde moment in het verhaal af, maar dan niet bij de nabestaanden, maar bij de overledene zelf. In een duister tribunaal wordt Liliom door De Magistraat over zijn leven aan de tand gevoeld en voorts veroordeeld tot zestien jaar vagevuur. Berouw toont hij allerminst. ‘Heeft u op aarde nog iets recht te zetten?’ ‘Ik zou nog graag Fiscur z’n schedel willen breken.’
In vogelvlucht: de Vlaamse Julie Van den Berghe (1981) studeerde in 2010 af aan de regieopleiding van de Amsterdamse Theaterschool. Op het ITs Festival sleepte haar voorstelling de Ton Lutz Prijs in de wacht, de prijs voor de beste regie van het afstudeerfestival. Datzelfde jaar begon ze als huisregisseur bij NTGent, in haar geboorteplaats. In 2013 regisseerde ze bij TA-2 en Frascati Producties Bloedbruiloft, van de Spaanse dichter García Lorca. Vanaf 2017 vormt ze ten slotte, samen met Guy Weizman, de artistieke kern van het Noord Nederlands Toneel. Haar grootvader was Hongaars, net zoals toneelschrijver Ferenc Molnár, die Liliom in 1909 schreef.
Op de vloer een grote, houten, ronde schijf – een provisorisch en vastgetimmerd onderstel van de draaimolen waar Liliom werkt, een podium op het podium. ‘Welke dame wil op het hertje?’ Als het knappe dienstmeisje Julie zich aandient en Liliom intiem met haar wordt, wordt carrousel-uitbater Muskat jaloers en stuurt Julie weg. Liliom komt voor haar op, maar het kost hem zijn baan. Samen trekken ze in bij mevrouw Hollinger, een vreemde, intrinsieke fotograaf, verre familie van Liliom. Liliom kan niet tegen het werkloze bestaan, het maakt hem nog opvliegender en agressiever dan hij al was.
Molnár (pseudoniem voor Ferenc Neumann) schreef een stuk met zeventien rollen, hier vertolkt door tien acteurs. De personages worden geteisterd door armoede; Molnár situeerde zijn stuk in de sloppen van Boedapest aan de vooravond van de Eerste Wereldoorlog. De personages zijn volks en recht voor hun raap. Liliom maakt zich liever duidelijk met zijn vuisten dan met een weloverwogen argument. De taal (vertaling: Jibbe Willems) is eenvoudig en lomp, vol tautologieën en lompe scheldwoorden, noem het een gestileerd dialect.
Maar die taal, en de ondubbelzinnigheid van de personages, zit de voorstelling ook in de weg. Ja, Van den Berghe creëert een aanstekelijk en volks sfeertje, maar de personages blijven daarin zo eendimensionaal als wat. Bijna elke rol laat zich met een enkel bijvoeglijk naamwoord prima omschrijven: jaloerse vriendin met deugdzame man, corrupte agent, gevaarlijke vriend, en ten slotte opvliegende rokkenjager – Liliom zelf (gespeeld door Eelco Smits).
De enige twee personages met een zekere gelaagdheid zijn, misschien niet toevallig, de twee vrouwen die onvoorwaardelijk van Liliom houden: draaimoleneigenaresse Muskat (verborgen en terughoudend) en Julie (onomwonden en vol). Het zijn dan ook die twee actrices, respectievelijk Janni Goslinga en Hélène Devos, die met hun acteren het meeste indruk maken. Vooral die laatste transformeert prachtig van giechelend pubermeisje tot van verdriet doortrokken vrouw, eindigend in een technisch ingewikkelde monoloog, waarbij melodrama op de loer ligt, maar door intens en eerlijk spel, elke zin binnenkomt.
Leven en dood van een smeerlap, luidt de ondertitel, maar waar de één eindigt en de ander begint is in deze voorstelling lang niet zo eenduidig. Met duistere belichting en een raadselachtig (deels live) geluidsdecor maakt Van den Berghe van de rechttoe rechtaan scènes waaruit de voorstelling voornamelijk bestaat, toch een enigszins hallucinante beleving. Zo trekt ze de fantastische elementen die Molnár in het stuk aanbracht (de scènes in het vagevuur) mooi door in het hele verhaal – en wordt de grens tussen leven en dood diffuser.
In de laatste scène keert Liliom na zijn zestien jaar uitgezeten te hebben, terug uit het vagevuur. Er volgt een vage scène met Julie (die na een prachtig personage-changement nu gespeeld wordt door Chris Nietvelt), zijn dochter en een kom soep. Maar wat hier precies gebeurt, en vooral waarom, blijft erg onduidelijk. Alsof Van den Berghe niet goed wist wat ze hiermee aanmoest, wat Molnár hiermee bedoelde, dus het maar snel wegmoffelt. En ons daarmee toch deels onbevredigd Frascati weer uitstuurt.
31.11.2016 | karoo | door Guillaume Sorensen
Les coulisses de l’affaire Dutroux,ce « Grand cirque »
Du 19 au 26 mars 2016 au KVS, Simon De Vos et Mohamed Kacimi ont proposé le Grand Cirque, pièce qui met en scène l’affaire Dutroux. Un spectacle au parti pris évident, mais sincère, dont la démarche fait mouche.
Sur la scène pèse un effroyable capharnaüm d’armoires de bureaux, de rangements à dossiers gris métallique, de photocopieuses débranchées, sur plusieurs mètres de haut et de profondeur. L’enfer bureaucratique reste en premier lieu visuel, puis, petit à petit, toute la mesquinerie, la petitesse, l’inaptitude, la paresse et l’orgueil du système judiciaire belge dépassé et traînant sont dévoilés, disséqués sans ménagement ; le monstre se cachait derrière un bureau et non dans une cave sordide, semble tenter de démontrer la pièce.
La police, la gendarmerie et même le Barreau sont attaqués dans des dialogues affreux de réalisme et cinglants au possible. Entre les services qui dénigrent leurs collègues en fonction de leur lieu d’origine, la recette du lapin aux pruneaux plus essentielle que la disparition d’une enfant, les incompétences à répétition et le dédain pour les familles, sans parler des maladresses, des combats de coqs ensuite, entre la gendarmerie et la police judiciaire ! Par compétition, ils ne partagent pas l’information, se croisent sans s’entraider. Certes, le trait est forcé, mais quand on connaît la vérité, même de loin, une telle rage cruelle envers la justice et son fonctionnement interpelle et saisit aux tripes.
Toute la mise en scène est basée sur le contraste entre des parents bouleversés qui pénètrent de bonne foi dans la folie et la décadence du cirque médiatico-juridique. Les moments d’émotion sont nombreux, notamment un épisode où, désespéré, le père revient d’une fouille pour le moins surprenante : sa femme a vu un voyant qui lui affirme que leur fille est cachée sous un tas de pommes de terre. Peu de temps avant, un gendarme concerné leur rend visite et leur assure, bouffi d’une prétention indécente, que leur fille sera rentrée pour Noël. La mère achète un sapin, pleine d’espoir. Le père rentre ensuite, abattu, il insulte et hurle contre ces dizaines de tas de tubercules qu’il a retournés sans relâche et qui, imperturbables, gardent sa fille prisonnière. Il s’allonge, épuisé, sous le sapin, et dit en substance à sa femme : « Si le Père Noël rapporte ma fille, réveille-moi. »
Le jeu d’acteur est nerveux et rapide du côté des policiers, lent et empli de peine et de colère pour les parents. Les pauses, certaines longueurs cassent quelque peu ce rythme sans apporter grand-chose. Je regretterai quelques longueurs, et des chants d’église, censés marquer le rapport à la mort peut-être, ou les transitions entre les différents points de l’affaire ? J’ai trouvé ce marquage lugubre de l’ordre de la surenchère. Quelque chose de plus discret et de plus silencieux m’aurait paru plus adéquat, plus sobre.
Entre cynisme, noirceur, fatalité, tristesse, la pièce permet de voir l’horreur de la banalité et la banalité de l’horreur. Marc Dutroux n’est jamais rien de plus qu’une rumeur, un certain Marc D. Julie et Mélissa ne sont jamais nommées, leurs supplices jamais décrits ni même mentionnés. La mort et l’immonde rôdent sans apparaître, ce qui apporte une distance et une part de frustration toxique, dérangeante. On ne peut se libérer du mal tant qu’il n’est pas énoncé ou accompli, et cette angoisse permanente étrangle l’esprit et la gorge.
Le sujet est ambitieux, tabou, cicatrise encore dans la mémoire des Belges. (Je me souviens de ma mère et de son inquiétude lorsque mon petit frère disparaissait au rayon vêtements, heureux de se cacher sous les t-shirts.) Je ne peux que saluer la prise d’un tel risque, et la sensibilité avec laquelle le dramaturge a su travailler à partir de cette affaire, de ce traumatisme.Entre cynisme, noirceur, fatalité, tristesse, la pièce permet de voir l’horreur de la banalité et la banalité de l’horreur. Marc Dutroux n’est jamais rien de plus qu’une rumeur, un certain Marc D. Julie et Mélissa ne sont jamais nommées, leurs supplices jamais décrits ni même mentionnés. La mort et l’immonde rôdent sans apparaître, ce qui apporte une distance et une part de frustration toxique, dérangeante. On ne peut se libérer du mal tant qu’il n’est pas énoncé ou accompli, et cette angoisse permanente étrangle l’esprit et la gorge.
Le sujet est ambitieux, tabou, cicatrise encore dans la mémoire des Belges. (Je me souviens de ma mère et de son inquiétude lorsque mon petit frère disparaissait au rayon vêtements, heureux de se cacher sous les t-shirts.) Je ne peux que saluer la prise d’un tel risque, et la sensibilité avec laquelle le dramaturge a su travailler à partir de cette affaire, de ce traumatisme.
26.03.2016 | focus Knack | door Els Van Steenberghe
Le Grand Cirque (KVS) toont ongenadig hoe Marc Dutroux kon toeslaan dankzij een flaterend gerecht
Applaudisseren voor dit stuk gaat bijna niet. En dat ligt allerminst aan de acteurs die indrukwekkend sterk spelen. Het ligt ook niet aan de verdienstelijke regie van Simon De Vos. En evenmin aan de tekst van Mohamed Kacimi die na minutieus onderzoek van alle bronnen aangaande de ‘Affaire Dutroux’ een stuk schreef waarin hij de flaters van de verschillende gerechterlijke diensten reconstrueert tot net voor het moment waarop Dutroux ontmaskert wordt. Het ligt aan de impact van het stuk zelf. En aan het moment waarop dit stuk speelt.
Er is opvallend weinig publiek komen opdagen. Uit angst? Uit afkeer? Of heeft men al genoeg ellende te verwerken gekregen de afgelopen dagen en wil men er de geut Dutroux-ellende niet meer bij nemen? Dat lijkt niet onwaarschijnlijk. Wanneer je de zaal binnenkomt, kijk je aan tegen een scène die volgestouwd staat met oud bureaumateriaal uit de jaren tachtig en negentig. Denk aan bakelieten bureau’s, indrukwekkend grote (en trage) computers, metalen archiefkasten, ratelende faxen, een aftandse wagen van waaruit ‘observaties’ worden verricht. Dit is een aftands decor dat de aftandse gerechterlijke diensten te portretteert. Tussen al dat meubilair loeren de acteurs de zaal in. Als het zaallicht dooft, stappen Mieke Verdin en Jobst Schnibbe uit de metalen rommel om anderhalf uur lang over de scène te dolen. Zij vertolken de moeder en de vader van een van de verdwenen meisjes en uiten voortdurend hun ongeloof over de vierkant draaienden politiediensten. De wat stroef gespeelde beginscène – waarin ze ontdekken dat hun dochter niet naar huis komt – slingert je terug naar een tijd waarin witte camionettes argwanend werden bekeken en jonge meisjes niet langer onbezorgd over straat konden lopen. Een tijd ook waarin het verouderde, verweerde en door intriges en achterklap verziekte gerechterlijk apparaat op barsten stond. Kacimi laat je dat scène na scène voelen. Lotte Heijtenis, Bram De Win, Johan Knuts en Wouter Bruneel torsen de loodzware taak op zich om alle personages te spelen die het gerechterlijk onderzoek voeren. Ze doen dat uitmuntend. Hun spel heeft veerkracht en spanning. Terwijl de ouders zich aan de metalen kasten vastklampen uit wanhoop, hangen zij over diezelfde kasten en bureautafels. Uit lamlendigheid. Regisseur De Vos peutert op die subtiele manier een beetje welgekomen lucht en humor in hun spel. En hij laat hen zacht zingen wanneer ongeloof over de gammele werking van de rijkswachters en politiemensen je met verstomming dreigt te slaan.
Maar, dat gezang werkt na 22 maart 2016 en na de onthullingen dat gerechtelijke diensten mogelijk opnieuw faalden, voor geen meter. De acteurs zingen stil, onvast en zonder overtuiging. Wij luisteren zonder te voelen. De enige intermezzo’s die wél ‘goed’ voelen, zijn de lange stiltes. Omdat die wél de verbijstering uitdrukken die de mensen toen overviel én nu terug overvalt. Verbijstering om de gruwel en om mensen die in alle drukte soms blijken te vergeten dat de papieren en de digitale dossiers waaraan ze werken niet alleen over mensenlevens gaan maar ook mensenlevens kunnen kosten. Gewoon in verbijstering naar elkaar staren, dat doet gek genoeg goed op dit moment. En echt grappig, verbeeldingsrijk, hoopgevend theater zou ook deugddoen.
Le Grand Cirque (de titel verwijst naar een uitspraak van een van de ouders) is een glasheldere, rakende voorstelling die weinig meer doet dan een stinkende brok geschiedenis haast journalistiek vertellen. Niet de fantasie maar de feitelijke flaters primeren. En dat maakt dit jammer genoeg tot het verkeerde stuk op het verkeerde moment op de verkeerde plaats. Wat er momenteel buiten het Brusselse stadstheater gebeurt, zorgt ervoor dat je de zaal reeds binnenkomt met de heftige gevoelens en gedachten die het stuk wil oproepen. Maar het scherpe spel, het grandioos lelijke decor en de moedige regie die zoveel mogelijk emotie en speelsheid in het spel pompte, maakt dit desondanks tot sterk, relevant theater waarvoor je heel graag, hetzij een tikkeltje ongemakkelijk,
24.03.2016 | LaLibre.be | door Guy Duplat
Déjà le Grand cirque Dutroux
Il est cruel de voir dans le contexte actuel, le spectacle « Le Grand Cirque » créé au KVS à Bruxelles. Car on y rappelle tous les errements de l’affaire Dutroux et, inévitablement, on fait des liens avec les erreurs possibles des services belges dans la traque aux terroristes.
Le KVS a toujours pris à bras-le-corps les problèmes actuels estimant que c’est aussi le rôle du théâtre: la décolonisation, le sort du Rwanda, le nationalisme flamand, le populisme, les tueries du Brabant wallon. Il a demandé à l’auteur français d’origine algérienne Mohamed Kacimi, qui a travaillé avec les grandes scènes françaises, de lui écrire une pièce et il a choisi l’affaire Dutroux.
Il s’étonnait que quasi aucun livre ou pièce, ne reparle de ce traumatisme majeur de tout un pays survenu il y a juste vingt ans. Une tragédie née, dit-il, « non d’une colère des dieux mais de l’incurie des hommes ». Il cite Edgard Poe qui disait : « Si on montre l’horreur, elle devient telle qu’on la montre. Si on ne la regarde pas, elle reste incommensurable. »
Il s’est plongé pendant un an dans l’affaire, y compris le dossier pénal via Wikileaks. Sa vision est celle d’un extérieur qui n’a pas vécu directement le choc d’août 1996, l’hystérie collective et la Marche blanche. Mais c’est aussi l’intérêt du texte.
Remuer la « merde » ?
Il a choisi de se concentrer sur les bévues de l’enquête. Le décor est fait d’un enchevêtrement de bureaux, fax, imprimantes. Un fouillis symbolisant la bureaucratie impuissante. Les parents des victimes n’y sont pas entendus, on raille leurs peurs. On revoit par les yeux de Mohamed Kacimi, ce qu’on a vécu: la visite ratée dans la cave de Dutroux, sa fatale libération conditionnelle, les guerres des polices, les sarcasmes à l’égard de Charleroi, de Seraing, de la juge d’instruction ou de la presse. Ce qu’on appela pudiquement les « dysfonctionnements ».
« A quoi ça sert de remuer cette merde ? », demande Mohamed Kacimi. « Justement, le théâtre est fait pour remuer la merde quand la merde est toujours là, et que personne ne veut en parler, ou la voir. Le théâtre est là pour dénouer à cœur ouvert, les angoisses de la cité, se faire l’écho des tumultes des cours de justice, non pour condamner sans appel, mais pour essayer de comprendre, de dénouer les fils malades du destin qui relient les hommes aux Dieux. »
Ceux qui ont suivi l’affaire Dutroux n’apprendront rien mais en reverront le fil un peu superficiel, dans une tragi-comédie (Shakespeare mêlait déjà comédie et tragédie).
La danger est alors ce doute qui s’insinue : après le drame des tueurs du Brabant, après l’affaire Dutroux, la Belgique aurait-elle failli encore dans la traque aux terroristes ?
24.03.2016 | deMorgen | door Douglas De Coninck
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SLUMBERLAND SELECTED FOR THE THEATERFESTIVAL 2015 !
“De nieuwste worp van Zonzo Compagnie verrijkt het muziektheater met een nieuw, filmisch elan. Nathalie Teirlincks poëtische filmbeelden creëren een theatertrip die weifelt tussen waken en (durven) slapen. In haar wereld is het zandmannetje niet zomaar een zoethouder, zijn monsters niet zomaar infantiele hersenspinsels. Ze worden psychologische realiteiten, existentiële vraagstukken tussen kinderen en ouders, tegen de skyline van de nachtelijke stad. Eenieder ziet wat hij wil zien, jong of oud, maar de prachtige sfeerzetting van muzikanten An Pierlé en Fulco Ottervanger neemt iedereen tegelijk op sleeptouw. Zo schattig de videogetuigenissen van kinderen over wat ze ervaren als ze inslapen, zo unheimlich en zelfs lichtjes beangstigend is het universum waarin je ze volgt. Het deint over de zaal uit, en lokt je onwillekeurig mee naar binnen. Multimediaal is vaak een buzzwoord voor te veel kabels op scène. De muzikaliteit van Slumberland daarentegen is totaal. Ze schuilt niet alleen in de muziek, maar in elk segment – licht, film, vertolking, setting – van deze creatie. Die unieke samenhang zorgt voor een zacht betoverende theaterervaring.”
11 September at the Kaaistudio’s (bxl) at 19:00
20.04.2015 | DE STANDAARD | door Wouter Hillaert
Leven, waarom moederen wij?
Voor Viviane De Muynck schreef Tom Lanoye zijn eerste monoloog. Gaz van Theater Malpertuis laat een moeder zien nadat haar zoon zichzelf heeft opgeblazen.
Dit weekend was het de beurt aan Tielt, om het zoveelste doelwit te spelen van de toeristische herdenkingsoperatie getiteld ‘de Groote Oorlog’. Zo liepen ruim 2.000 mensen mee op in het Woordfront van Saskia De Coster, ter herinnering aan de vele slachtoffers van de eerste gasaanvallen. Zelf wilde Lanoye in Gaz liever niet terugblikken, maar het geweld van vandaag behandelen. Zijn keuze viel op een combinatie tussen Syriëstrijders en shockterrorisme à la Charlie Hebdo.
Waarom massamoordenaars graag gezien zijn in theater? Ze zijn de tragische helden van de mediamaatschappij. Als in de Griekse tragedie geven ze één gezicht aan alle maatschappelijke schuld. En daartegen brengen toneelschrijvers dan graag de onverklaarbaarheid van een hoger lot in, terwijl ze wel stiekem kicken op zoveel blinde overtuiging. Zo gaf Milo Rau het woord aan Anders Breivik of Lars Norén aan Bastian Bosse.
Tom Lanoye koos voor Gaz een andere benadering: de blik van de overblijvende moeder. Ook in Reizen Jihad kon je ze al horen. Zij spiegelt veel meer ons eigen perspectief: deelachtig aan alle onbegrip, maar daardoor ook buitengesloten. Wat is onze eigen medeverantwoordelijkheid? Van die vraag is de moeder van de terrorist de verhevigde belichaming. Eens het felle licht van de camera’s weer andere prooien heeft gevonden, rest hen enkel de schaduw van hun eigen voortbestaan. De echte tragedie is blijven
leven.
Ontsnappen kan niet meer
Zo staat Viviane De Muynck er ook, bij aanvang van Gaz. Ze houdt haar twee armen boven elkaar. Als koesterde ze nog haar baby van weleer, waarvan de natuur eerst een man met een eigen wil maakte, en het lot daarna een moordenaar. Wat zij het leven gaf, zaaide zelf de dood, ook voor zichzelf. Zo draagt ze de ware naweeën van terrorisme. Niet met gekruiste armen, maar ingekeerd, wars van elke meligheid. Ze heeft vastgesteld. Ze heeft aanvaard. Ze zal er nooit mee rondkomen.
Het enige waar deze moeder zich aan kan vasthaken, is de zaal, het oog van de gemeenschap. Kon De Muynck in vorige monologen nog bogen op de beeldenrijkdom van regisseurs als Jan Lauwers of Fabrice Murgia, dan heeft regisseur Piet Arfeuille haar hier volledig overgeleverd aan zichzelf en het publiek. De scène is één bunker van grijze snelbouwstenen. Alle gordijnen zijn neergehaald, zelfs de achterpoortjes van Theater Malpertuis zijn dichtgemetseld. Gaz kiest het kader van een isoleercel, een mortuarium, een echoput met de afmetingen van een rechtszaal. Ontsnappen kan niet meer.
‘Hij’. Het eerste woord van de moeder is geen naam. Het drama dat ze torst, heeft er geen. Behalve het moederschap zelf, dan. Klassiek begint Lanoyes tekst bij de herinnering aan de geboorte, het eeuwig tijdelijke verbond tussen moeder en zoon. ‘Moeders?’ schampert De Muynck. ‘We worden weggegomd. Hier een lijntje, daar een lijntje. Tot we helemaal worden overtekend. Door de buitenwacht en zijn verleidingen.’
Ware ontroering
Als Lanoye ergens goed in blijft, dan wel zijn inzicht in het vrouwelijke perspectief, met hier zelfs een extra zorg rond kinderen die hij nooit heeft gehad. Nochtans blijkt zijn schriftuur zelf vrij mannelijk, zoals zijn zinnen op doel gericht zijn in hun stilistische gratie, hun intellectuele welluidendheid. Lanoye bedient De Muynck met een apologie die uithaalt naar de ‘tegelspreuken’ over terrorisme in de media, maar scoort ook zelf graag puntige wijsheden over radicalisme of de reacties erop.
Zo claimt zijn moeder haar gelijk, zacht maar zelfbewust. Wat ze allemaal aan verwijten heeft moeten binnenvreten, kaatst ze nu naar de gemeenschap terug. ‘De opiniemakers en de ideologen. De politici en de welzijnswerkers. De ronselaars, de lasteraars. Ze maken van hem afwisselend een held of een beest. Zonder tussenweg: barbaar of martelaar. Ik zoek hém. Een kind van mij. Geen trofee van een of ander gelijk.’ De ware ontroering volgt aan het slot, waar deze vrouw haar eigen kwetsbare twijfels blootlegt. De Muynck laat diep in haar ziel kijken, zoals ze haar ogen neerslaat in volle verlatenheid, om de zaal daarmee dan vol aan te kijken. Ze kijkt niet met haar irissen, maar met haar binnenste, met haar hele historiek. De hele bunker licht er van op.
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INTERVIEW TOM LANOYE OP WTV
18.04.2015 | focus Knack | door Guido Lauwaert
Fenomenale Viviane De Muynck in ‘GAZ’ van Theater Malpertuis
Regisseur Piet Arfeuille heeft de kracht van Tom Lanoye’s tekst en de macht van Viviane De Muynck de eer gelaten en die zelfs versterkt door woord en klank in een kale ruimte te plaatsen, met in het midden een podium op het podium.
Geen stormachtig applaus. Die zijn fake. Een warm, haast meelevend daarentegen. Dat kreeg Viviane De Muynck na afloop van de monoloog GAZ, voor haar geschreven door Tom Lanoye. Een grande dame van het theater. Zo maken ze er maar een paar in een eeuw.
Haar vertelling is niet te overtreffen. De beste versie van de monoloog hebben we dus gehad. Wie hem ook zal spelen, zij zal altijd moeten onderdoen voor die van Viviane De Muynck. Als deze productie het theaterfestival niet haalt, vernedert de jury het festival én zichzelf. En hij verdient vertaald te worden – even overwippen naar Multatuli en een parafrase maken van het slot van Max Havelaar ‘in de talen die ik ken, en in de vele talen die ik leren kan, om te vragen aan Europa wat ik vruchteloos heb gezocht in de Nederlanden. Zodat in alle steden met een gedegen theater dit uitzonderlijk teder en tegelijk scherp pleidooi kan worden gespeeld met een lofzang als dit: er is een apologie van een moeder over de daad van haar zoon, met als centrale retorische vraag: is hij een misdadiger of een held?’
Niet zozeer de daad, een aanslag in het hart van Europa, verdedigt zij en detail. Wat zij vertelt, is de nageboorte van de onttroning van haar zoon door de maatschappij, bij monde van de verhoorders van de politie en het gerecht. De essentie van de ondervragingen balt zij samen, om haar dode zoon levend te houden. Hij werd geboren met een keizersnee, een sectio caesarea. Zoveel jaren later, het huis uit, jong volwassen, is hij neergeschoten na een aanslag, maar zijn wij voor zijn daad niet allemaal verantwoordelijk? Zowel de Christelijke als de Islamitische opvoeding is een indoctrinatie: het temmen van de feeks in elk van ons. Daarenboven: de terrorist is een filosoof, zoals de filosoof een terrorist is. Beide zijn moraalridders.
Voor een moeder kan een kind niet schuldig zijn. Zolang zij leeft is het haar zoon [of dochter], zijn/haar verdediger. Vanuit de geestelijke navel tussen moeder en kind kan zij als geen ander zijn daden duiden, zonder ze goed te praten of af te keuren. Tom Lanoye heeft dit goed verwoord, Viviane De Muynck het meesterlijk verantwoord.
Zoals de auteur de verdedigingsrede in zijn hoofd als zaad heeft gepland en geschapen op het toetsenbord – groeit de vrucht in de buik en wordt hij gebaard uit de mond van de actrice. Waarna hij afstand neemt en haar met de verbale vormgeving laat zitten. Lanoye heeft dat goed begrepen. Er schuilt een dubbele betekenis in de eerste helft van de korte verwijzing naar de man: ‘Zijn vader heeft hij nooit gekend, dat klopt. Aan die lafaard maak ik geen woorden vuil. Ik was zes maanden zwanger. Weg!’
Viviane De Muynck speelt naar het publiek toe, maar er niet óp. Het is een monologue intérieur, als voordracht gebracht.
Een voordracht binnen de eigen atmosfeer. Haar bewegingen zijn kort gehouden, miniatuurtjes haar subtiele mimiek. Slechts eenmaal strekt zij haar handen ten hemel. Kort; twee, hooguit drie seconden, om dan langzaam de armen te laten zakken. De goede verstaander heeft echter begrepen dat boven ooghoogte het extremisme begint. De militaire groet is daar het symbool van.
Regisseur Piet Arfeuille heeft de kracht van de tekst en de macht van Viviane De Muynck de eer gelaten en die zelfs versterkt door woord en klank in een kale ruimte te plaatsen, met in het midden een podium op het podium. Op een kort zitmoment van de actrice na blijft hij ongebruikt. Zij heeft geen podium nodig, het is een schavot. De vlakke vloer is haar bewegingsruimte. Daarom zou GAZ [met Viviane De Muynck] gloriëren, zelfs in bijvoorbeeld de lege ruimte van de galerie De Zwarte Panter.
Het enige minpunt van de regie, maar die mag geen ster kosten, zijn de twee korte interventies via de klankkasten. Storingen op de lijn. En had ik het voor het zeggen, zou ik de dreuntoon bij aanvang niet fortissimo brengen, maar en sourdine houden. Met een gezoem de zoektocht aangevend naar de wijze waarop zij haar pleidooi beeld en klank zal geven.
Een driekroon, GAZ van theater Malpertuis. Een wereldreis waard. De parel op de tiara kwam er tijdens het applaus. Nadat Viviane De Muynck het publiek met een lichte buiging bedankt, en de auteur, de regisseur en alle medewerkers op het podium wenkte, en er een nieuwe dankgroet volgt, zet zij een paar stappen naar voor, vraagt met een handgebaar om stilte en citeert dan een geliefde kunstbroeder op zijn typisch bezwerende, Brabantse toon: ‘Zoals Wannes Van de Velde al zei: “Ne zanger is een groep!”‘
18.04.2015 | CUTTING EDGE | door Jan-Jakob Delanoye
Glamour is de hardste valuta
Doorgaans heeft niemand er oren naar: het verhaal van een ouder die een kind verliest door een terreurdaad. Misschien op de rioolpers na, maar de zeldzame keer dat die haar nek uitsteekt, worden enkel clichés uitgelicht. En welk dagblad of magazine durft een forum zijn voor de kwetsbaarheid van de nabestaanden? Voor hun verdriet is er geen plaats in de arena van de collectieve rouw – en zeker niet in het mediacircus dat daar meestal bij hoort.
Waarom? Als radicalisering de simpele optelsom is van genen en opvoeding, dan gaan de verwekkers van het ontaarde kind niet vrijuit. Aan de origine van individueel extremisme ligt echter iets veel complexer dan simpele rekenkunde ten grondslag. In ‘Gaz. Pleidooi van een gedoemde moeder’ legt auteur Tom Lanoye enkele suggesties in de mond van een gebroken vrouw.
Is het onlogisch dat de moeder van een naamloze martelaar in een niemandsland zou willen leven? Terreurdaden worden overal geclaimd door voor- en tegenstanders, die van de agressor een symbool maken – hetzij dat van martelaar, hetzij dat van terrorist. Zo verliest de moeder haar zoon een tweede keer, want ook als lijk wordt haar kind voor de kar gespannen van de ene of de andere ideologie of theorie. Lanoyes monoloog is een appel om niet in het wilde weg te culpabiliseren, hoewel de analytische tekst veel dieper graaft dan die ene evidente laag.
Interessant is bijvoorbeeld de vraag naar de genese van radicalisme. Gaat het inderdaad om kwetsbare karakters die contextueel in een spiraal van negativiteit worden getrokken? Is terreur echter geen gegeven zo oud als de mensheid, een inmiddels bekend, bloederig bedongen pad naar onsterfelijkheid? Tegenwoordig verwerven moordenaars via sociale netwerken overigens het statuut van mascotte, terwijl het internet bij uitstek de bron is van gevaarlijke informatie. Kortom, bij de geboorte van een terrorist komt meer kijken dan alleen een keizersnede bij een alleenstaande moeder. Simpele rekenkunde? Vergeet het.
Als monoloog is ‘Gaz’ niet traditioneel, want daarvoor is de essayistische ondertoon te prominent aanwezig. De anekdotiek vormt het ontroerende hart van de tekst, maar het is de polemische diepgang die het stuk verheft. Precies in de meer abstracte geledingen gaat de complexiteit voor de opvoering schuil: de interpreet moet immers tegelijk het lijden invoelbaar maken, als de beschouwelijke kant ontleden. Alleen dan kan het publiek ontsnappen aan het idee dat het aangenamer zou zijn de tekst in comfortabele omstandigheden te lezen.
Viviane De Muynck investeert vooral in de psyche van haar personage. Ze is zowel fragiel als sterk, aangedaan als verontwaardigd, introvert als expressief. Haar vertolking, die helemaal vanuit de moederfiguur gestalte krijgt, benadert de stroom aan ideeën echter te weinig zorgvuldig. Het disseceren van het eerder filosofisch getinte binnen het betoog wordt quasi integraal aan de toeschouwer overgelaten.
Overigens kreeg De Muynck van Piet Arfeuille veel vrijheid. De regisseur dwong haar niet in een stilistisch keurslijf: noch tekstueel, noch qua decor toont zich zijn sturende hand. Visueel herinnert een verhoogd platform vaag aan wat de beul te wachten staat – in de publieke opinie het schavot, in dat van een niche de bühne voor met mensenlevens bekostigde eer. Verder is er een rudimentaire klankband, eigenlijk zonder wezenlijke meerwaarde. De eclatante monoloog die ‘Gaz’ tekstueel is, wordt met andere woorden niet opgetild tot een theatrale ervaring die het woord
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16.03.2015 | KLARA | POMPIDOU
Tom Lanoye op Klara ondermeer over GAZ. Pleidooi van een gedoemde moeder.
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INTERVIEW TOM LANOYE OP WTV
HOERA CULTUUR!
03.04.2015 | COBRA.BE
> aflevering Hoera cultuur!
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20.02.2015 | focus Knack | door Els Van Steenberghe
Inne Goris dompelt ons in Sneeuw onder in een landschap dat betoverend is door de geluiden die het voortbrengt én door de wezens die het verbergt. Dit levert theater op dat bijna beter in een museum zou spelen. En dat is een compliment.
Theater in de Sneeuw van Silbersee en LOD
Een rijtje dennenbomen staat in het schemerdonker. Voor de bomenrij liggen enkele hoopjes valse sneeuw. Tussen de bomen beweegt een meisje. Ze draagt een witte, zachtjes glinsterende jas die uit sneeuw lijkt gemaakt. Zo begint Sneeuw, muziektheater voor iedereen vanaf 4 jaar in een regie van Inne Goris.
In dit scènebeeld dat radicaal sober, stil en mysterieus is, bouwt Goris taferelen die deels geïnspireerd zijn op een Russisch sprookje over het sneeuwmeisje Snegurotchka dat enkel in de ijzige natuur kan overleven. Het meisje (vertolkt door coloratuursopraan Natasha Young) dat zich in Sneeuw tussen de dennenbomen verstopt, zou een sneeuwmeisje zoals Snegurotchka kunnen zijn. Maar het kan evengoed iemand zijn die alleen maar bestaat uit sneeuw of iemand die tot sneeuw verworden is en nu als een ‘sneeuwgeest’ rondspookt… Alles kan en niets is zeker. Zo heeft Inne Goris het graag. ‘Waarom de makkelijke weg kiezen als er ook een moeilijkere maar mooiere weg bestaat?’, lijkt haar levensmotto. Dat blijkt ook uit deze productie. Haar resoluut kiezen voor het verbeelden van de soberte, de stilte en het poëtische van een sneeuwlandschap heeft een mooie én een lastige kant.
Het mooie aan de voorstelling is hoe de combinatie van het decor met het kwieke spel én het prachtige gezang van Young – een compositie van Thomas Smetryns die iele klanken minutieus aan elkaar rijgt tot melodieën die even fijn en fragiel zijn als sneeuwvlokjes – je het gevoel geeft in een winters, sprookjesachtig bos te vertoeven. Een koude, dromerige plek waar spookfiguren dolen, meisjes spelen op bevroren vijvers, mensen de liefde vinden (of verliezen), hun verdriet weg wandelen, sterven en misschien zelfs begraven werden. Young huppelt en springt door de sneeuw. Eerst in haar eentje, dan samen met de vos (gitarist Toon Callier). Samen joelen, zingen en tokkelen ze een ‘sneeuwcompositie’ die eenzaam, vredig, vrolijk en melancholisch tegelijkertijd klinkt. Hun muziek klinkt zoals het leven. Bestaat het meisje enkel in de verbeelding van de vos of omgekeerd? Niemand die het weet. Opnieuw: alles kan en niets is zeker bij Goris.
Het lastige aan de voorstelling is dat deze creatie óók een beeldende installatie lijkt die uitnodigt tot mee dwalen, mee stoeien, mee rollen en mee verdwijnen in die witte zuiverheid, gedragen door de pure muziek. Sommige kinderen kunnen zich amper bedwingen. Het wekt zelfs de indruk dat Inne Goris (die de afgelopen jaren onder meer indruk maakte metDroomtijd en ZigZag ZigZag) op haar best is wanneer ze een theatrale installatie / voorstelling ontwerpt waar het publiek niet enkel naar kijkt en luistert maar ook deel van uitmaakt.
Sneeuw is de zoveelste bevestiging van Inne Goris’ rijke en duistere, in de ziel kervende theatertaal (in dit geval: duister mét speelse, muzikale glinsteringen) die langzamerhand de traditionele black box-opstelling lijkt te ontgroeien. Haar ijskoud maar frivool fonkelend sneeuwlandschap doet verlangen naar kilte én naar warmte. Doet dromen en vrezen. Doet vinnig geluk zien en doods verdriet vermoeden. En portretteert het leven als een zwierige wandeling tussen de in duisternis gehulde, stekelige dennenbomen en de in het licht badende, zachte sneeuw.
15.02.2015 | theaterkrant | door Evelyne Coussens
Een mooi maar droevig schilderijtje
Inne Goris is een Vlaamse theatermaker die vaak wat onderbelicht blijft. Ten onrechte. Dat ze relatief weinig in the picture komt heeft deels te maken met de aard van haar werk, deels met de sector waarin zij gestart is.
Om te beginnen met dit laatste: na haar afstuderen aan de Toneelacademie Maastricht stroomt Goris midden in de jaren negentig van de vorige eeuw het veld in via het jeugdtheater, met voorstellingen bij het Brusselse Bronks en het Antwerpse Villanella. Het Vlaamse jeugdtheater is op dat moment aan een ontbolstering bezig die het (uit)eindelijk zal emanciperen van het betuttelende etiket kids only, maar de opmars is nog pril.
Daarnaast speelt het feit dat Goris’ werk moeilijk te categoriseren is. Haar theatertaal is allesbehalve hapklaar; ze balanceert tussen beeldend werk, muziektheater en danstheater. Goris werkte zelfs ooit als dramaturge bij Wim Vandekeybus’ gezelschap Ultima Vez.
Waar je wél steevast op kunt rekenen is de grondtoon van haar voorstellingen, of beter: de basiskleur. Een weinig hoopgevend palet van donkere schakeringen, vechtend tegen de grimmige verleiding om de hoop helemaal uit te bannen. Wrange en aangrijpende sprookjes zijn het, temidden van de voor de rest veelal zuurstokkleurige zoetigheid van het jeugdtheater. De producties die Goris het eerste decennium van het nieuwe millennium maakt met haar structuur Zeven (De dood en het meisje, La petite fille qui aimait trop les allumettes, Droesem en vooral het verkillende Naar Medeia) lijken stuk voor stuk doordrongen van een harde visie op de wereld én op het kind zelf, dat in sommige gevallen even wreed en meedogeloos is als de volwassene.
In 2009 verruimt Goris haar blik op velerlei gebieden, via de aansluiting bij het Gentse muziektheaterhuis LOD. ‘Al van toen ik met theater begon, typeerde men mijn voorstellingen als kamermuziek: een compositie van beweging, klank en beeld,’ zegt ze in een interview met De Standaard. Ze maakt bij LOD haar eerste voorstellingen voor het avondcircuit (Nachtevening, Muur, Hoog gras). De taal en het klare narratief – lange tijd onontbeerlijk geacht in het jeugdtheater – verliezen in haar werk terrein: het contact met beeldend kunstenaars (videast Kurt d’Haeseleer) en hedendaagse componisten (Dominique Pauwels) stuwt haar werk richting woordloze abstractie. LOD’s internationale contacten zorgen ervoor dat ze naar het buitenland kan springen: de installatie Droomtijd gaat in 2011 in première op het Manchester International Festival; een jaar later staat Hoog gras op het internationale Kunstenfestivaldesarts.
Sneeuw, een woordloze voorstelling voor vierplussers, volgt die uitgepuurde beeldende en muzikale lijn. Er is nog taal, maar die is tot abstractie gebracht: het is een associatieve klankentaal die er enkel op gericht is de muziek en de beelden te ondersteunen. In Sneeuw is het ‘verhaal’ verdwenen, of toch tot een minimum beperkt. Het enige narratief is dat van leven en dood – misschien wel het enige verhaal dat er écht toe doet, zelfs voor vierplussers.
Een Sneeuwmeisje (sopraan Natasha Young van Silbersee) zingt zichzelf tot leven bij het vallen van de eerste vlokken. Speels probeert ze de kristallen te tellen, ze volgt hun sierlijke dwarrelen, beproeft hun textuur en temperatuur, maakt kennis met hun ongrijpbaarheid. Even ongrijpbaar is ook zijzelf. Haar is een kort leven toebedeeld waarin ze eigenlijk maar één handeling stelt, maar wel een belangrijke: ze gaat op zoek naar een vriend. Na een wervelend hoogtepunt – of is het al een doodsstrijd? – moet ze smelten, al lijkt ze dat zelf niet goed te beseffen.
De dramaturgie wordt aangevoerd door de muziek van componist Thomas Smetryns, die bovenop een sfeerscheppende soundscape een setlist opbouwt waarin verschillende nummers (slaapliedje, rock, rap) zich aan elkaar rijgen. Gitarist Toon Callier, die als rode vos lichtvoetig door het sparrenbos trippelt, begeleidt Youngs soulvolle stem. Naast een concert is Sneeuw vooral ook een tableau, met dank aan het gestileerde decor van Ruimtevaarders en het lichtontwerp van maestro Mark Van Denesse. De combinatie van licht, klank, beweging en beeld overlaadt de zintuigen met een weelde aan synesthesieën: je hoort hoe wit de sneeuw is, je proeft hoe ze knisperend kraakt, je ziet de zijdeachtige textuur, je voelt de afstandelijke eenzaamheid van de materie. Want dat Sneeuwmeisje eenzaam is staat vast. Zelfs vriend Vos verlaat haar wanneer de lente aanbreekt, met de rode staart tussen de poten – omdat een beetje vos nu eenmaal het leven begrijpt.
Waar is het gevaar? Inne Goris’ voorstellingen bevatten altijd een risico, iets wat schuurt, iets wat tegenkleur geeft aan de – in dit geval – perfecte, witte wereld. Dat gevaar schuilt in de vergankelijkheid van dit Sneeuwmeisje; al in haar ontstaan ligt haar verdwijnen besloten. Alles rondom haar heeft weet van dat einde, behalve zijzelf. Dat maakt haar wezenlijk tot een tragisch personage. En van Sneeuw maakt het een intens mooi, maar droevig schilderijtje.
13.02.2015 | de Standaard | door Geert Van der Speeten
Zonzo Compagnie levert met ‘Slumberland’ zinderend muziektheater voor kinderen af
10.02.2015 | de Morgen | door Liv Laveyne
Wees niet bang voor de nacht
Avontuurlijke muziekprojecten voor kinderen, dat is de specialiteit van het Antwerpse Zonzo Compagnie. Met internationaal succes. Muziek voor kinderen kan meer zijn dan handjes draaien, koekebakken vlaaien, zo bewijst ook Zonzo’s jongste telg ‘Slumberland’.
Met Wouter Van Looy als drijvende kracht bouwt Zonzo Compagnie aan een eigenzinnig muziektheaterparcours, waarmee het ook in het buitenland hoge ogen gooit. Met een festival als Big Bang toert Zonzo nu Europa rond, met het wonderlijke ‘Listen to the Silence’ (rond het werk van minimalist John Cage) scoort het deze week in de Royal Opera House in Londen. Er waren de samenwerkingen met artiesten als Meredith Monk, Iva Bittova of gezelschappen als Champ d’Action en deFilharmonie. In ‘Slumberland’ is Zonzo alweer uitdagend, ontregelend en tegelijk ontwapenend.
Zoals de maan het licht van de zon vangt, zo vangt het magische ‘Slumberland’ kinderdromen in een web van film en muziek. Zonzo Compagnie trok daarvoor twee getrouwen aan: cineaste Nathalie Teirlinck (die eerder al het bejubelde ‘Starend meisje’ van bevreemdende beelden voorzag) en muzikant Fulco Ottervanger (de jongeman achter het jazzcombo De Beren Gieren, die met ‘Mile(s)tones’ een stomende improvoorstelling rond de figuur van Miles Davis afleverde). Zij krijgen ditmaal het gezelschap van niemand minder dan zangeres An Pierlé. Een trio made in heaven zo blijkt.
Vleermuisman
Met filmbeelden van de gevallen nacht van Parijs tot Moskou worden we sussend toegezongen: heb geen angst, slaap maar kindjes, slaap maar zacht. ‘Slumberland’ pikt in op dat voor kinderen van die leeftijd (6+) (én hun ouders) hoogst herkenbare gevoel, dat moment tussen wakker zijn en slapen, het woelen in het bed. Wat is dat vreemde beest dat slaap heet, hoe zien die monsters in de kast eruit? (Ze blijken verdacht veel op die van de animatiefilm ‘Monsters en co.’ te lijken.)
Nathalie Teirlinck interviewde kinderen over hun slaap, hun dromen en nachtmerries. Zo ludiek en ontwapenend herkenbaar als hun getuigenissen – op kleine tv-schermpjes geprojecteerd – in de oren klinken, zo bevreemdend zijn de filmprojecties op het grote scherm. Daar worden jonge kinderen plots surreële personages, gevangen tussen jeugd en volwassenheid: maak kennis met de neurotische slaapspecialist, de vleermuisman die alleen maar ondersteboven de slaap vatten kan of het maanmeisje dat op aarde valt en een romance beleeft met het zandmannetje. Tot die haar onvermijdelijk korrels in de ogen strooit.
Ottervanger en Pierlé zingen (in het Nederlands) hun verhalen en creëren een live soundtrack bij de beelden. Meedeinend zoals de maan de getijden bepaalt, zoals eb en vloed, soms stuwend dan weer afrollend, van zoete liefdesballade tot freakend geweld, terwijl de spinnen zich van het beeldscherm losmaken, naar de scènevloer, en kinderhandjes hun ouders net wat vaster in de hand knijpen.
Geaard en gewichtloos tegelijk wroet deze voorstelling zich een weg door het zand en test ze het zweven. Zoals het maanmeisje op haar trampoline, zoals het meisje Pierlé daar op haar bal achter de piano. ‘Slumberland’ voelt aan als een trip, scherend langs glinsterdroom en nachtmerrie, tot jong en oud zich aan het eind verbaasd het zand uit de ogen wrijft, ontwakend uit dat vreemde universum van elke nacht dat ‘Slumberland’ heet.
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